Au Mali, l’armée prend position dans Kidal

L’état-major malien a affirmé que ses soldats ont « pris position » mardi 14 novembre dans ce bastion de la rébellion dominante touarègue.

Le 14 novembre, l’armée malienne a dit avoir pris position dans Kidal, bastion des séparatistes et enjeu majeur de souveraineté pour l’État malien. « Les FAMa (forces armées maliennes) ont pris position dans la ville de Kidal ce mardi », a dit l’état-major sur les réseaux sociaux. « Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal », a déclaré le colonel Assimi Goïta dans un message lu au cours d’un flash spécial à la télévision d’État.

Dans un communiqué signé par son porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, le Cadre stratégique permanent (CSP), qui regroupe les principaux groupes armés indépendantistes, confirme avoir quitté sa ville-bastion. « Les forces armées de l’Azawad, regroupées au sein du CSP-PSD ont durant plusieurs jours stoppé l’avancée du raid [de l’armée malienne] lui infligeant des grandes pertes humaines et matérielles avant de se retirer de la ville pour des raisons estimées stratégiques pour cette phase de combats », peut-on lire dans le document.

L’armée et l’État étaient absents depuis des années de cette ville contrôlée par les groupes armés à dominante touarègue. De son côté, la junte au pouvoir avait signifié de longue date sa détermination à reprendre la ville.

C’est un succès symbolique significatif pour les colonels qui ont pris la direction de ce pays par la force en 2020. Cela parachève une offensive terrestre et aérienne lancée en fin de semaine passée. Elle a impliqué des mercenaires de Wagner, selon les rebelles et d’autres sources comme des élus, bien que la junte nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe aux pratiques décriées.

L’étendue du contrôle exercé sur place par l’armée n’est pas claire. Les autorités n’ont pas diffusé d’image. La collecte et la vérification de l’information est compliquée par l’impossibilité d’accéder au terrain. Les rebelles séparatistes ont fait couper le réseau de téléphone le 10 novembre, alors que l’armée progressait vers la ville.

Insoumission
Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie situé à plus de 1 500 km et 24 heures de route de la capitale Bamako, s’est vidée d’une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d’habitants, indiquent des messages postés sur les réseaux sociaux.

Deux officiers ont indiqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que les rebelles avaient quitté la ville quand les soldats y sont entrés. Un autre officier a déclaré que l’armée contrôlait en particulier la piste aérienne et le camp récemment évacué par la mission de l’ONU.

L’armée et l’État malien n’avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touaregs, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l’armée.

Les rebelles, qui s’étaient soulevés deux ans plus tôt en même temps que les islamistes, avaient accepté un cessez-le-feu avec le gouvernement quelques jours après. Ils faisaient régner la sécurité et l’ordre à Kidal depuis lors. Les jihadistes, eux, ont continué à combattre l’État malien et toute présence étrangère, et étendu leurs agissements au centre du Mali et aux pays voisins.

Les séparatistes ont repris les hostilités en août. Le retrait de la mission de l’ONU (Minusma), poussée vers la sortie par la junte, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du nord (armée, séparatistes, jihadistes).

Appel d’air
En décrochant de Kidal le 31 octobre, la Minusma a créé un appel d’air. Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s’est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des rebelles. Aucun bilan humain et matériel n’a pu être établi de sources indépendantes.

Le chef de la junte a parlé de « lourdes pertes » infligées à l’ennemi. « Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a parlé sur les réseaux sociaux d’ « avancée considérable » qui « démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali ».

Le Collectif pour la défense des militaires, un des groupes les plus actifs en soutien à la junte, a appelé à se rassembler à Bamako pour remercier les « colonels libérateurs ».