RDC : plus de 6000 morts à Beni depuis 2013, selon l’épiscopat

Plus de 6000 personnes ont été tuées dans la région de Beni, dan sla province du Nord-Kivu, depuis 2013 et plus de 2000 dans la province voisine de l’Ituri en 2020, dans les violences qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a alerté jeudi l’épiscopat congolais. Les violences en cours ont fait “plus de 6000 morts à Beni depuis 2013 et plus de 2000 à Bunia pour la seule année 2020”, a déclaré le porte-parole de la Conférence épiscopale (Cenco) de RDC, l’abbé Donatien Nshole, lors d’une conférence de presse à Kinhsasa.

Trois millions de déplacés

Dans les régions de Beni dans la province du Nord-Kivu et dans celle de l’Ituri voisine, “on compte également au moins trois millions de déplacés et environ 7.500 personnes kidnappées”, a-t-il ajouté.

L’abbé Nshole présentait un message dans lequel les prélats congolais ont dénoncé “l’occupation des terres, l’exploitation illégale des ressources naturelles, l’enrichissement sans cause, l’islamisation de la région au mépris de la liberté religieuse”. Les évêques ont aussi dénoncé l’incendie des maisons, et villages, la destruction et fermeture des écoles et centres de santé, la mise à sac des bâtiments administratifs, le pillages des bêtes, champs et cultures dans cette région orientale du pays.
Opérations militaires

En janvier, une délégation des évêques de l’Association des conférences épiscopales de l’Afrique centrale (Aceac) et de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a effectué une mission pastorale dans les diocèses de Goma, Butembo-Beni (Nord-Kivu) et Buni (Ituri).

L’armée mène des opérations militaires dans ces régions dont le résultat est “mitigé”, selon la Cenco qui soutient que “certains officiers sont accusés de torpiller les avancées des hommes de rang et des officiers subalternes”. Les prélats ont par ailleurs dénoncé “la modicité et le détournement de la solde des militaires de rangs et de leur ration” à la base de l’amenuisement de leur motivation.

Ils estiment que l’armée congolaise est infiltrée par des “éléments étrangers” et dénonce “la présence des anciens rebelles du RCD, du CNDP et M23 dans les rangs des militaires engagés dans les opérations à l’Est et soupçonnés de complicité avec l’ennemi”. Ces groupes rebelles étaient tous soutenus par le Rwanda dans un passé récent.

Depuis lundi, les activités sont perturbées dans les villes de Beni, Butembo et Goma dans le Nord-Kivu où les populations protestent contre les massacres des civils par des combattants présumés du groupe armé musulman d’origine ougandaise Forces démocratiques alliées (ADF), le plus meurtrier de la centaine des groupes armés actifs dans l’Est.

L’abbé Nshole a “encouragé” ces manifestants, estimant que “c’est leur droit de réclamer la sécurité mais que cela soit fait sans violence”.