L’avenir les inquiète, le passé les rassure, le déclin les hante. Si les Français se passionnent pour leur histoire, ce n’est pas pour comprendre le présent, c’est parce que c’était mieux avant depuis toujours !
Je vous parle d’un pays lointain.
Ses habitants sont les plus intelligents, les plus riches et, on ne sait pourquoi, les plus malheureux du monde. Dans leur suffisance infinie, ils se croient seuls sur terre, ils n’ont d’ennemis qu’eux-mêmes. Contrairement aux Austriaques et aux Estivaldins – des peuplades voisines qui sans être barbares leur restent terriblement étrangères –, ils ne sont ni du Nord ni du Sud, ils sont situés au centre du monde civilisé, avec vue sur la montagne ou sur la mer ; ils sont convaincus depuis longtemps que leurs frontières, dictées moins par l’histoire que par leur destin, dessinent un hexagone, c’est-à-dire les contours d’un espace mental.