Entre 60.000 et 100.000 personnes ont été forcées de fuir leurs maisons à Mogadiscio, à la suite de la flambée de violence du 25 avril, a annoncé mercredi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Parmi ces personnes déplacées internes, figurent des personnes vulnérables déplacées à l’intérieur du pays qui avaient cherché refuge dans la capitale somalienne et qui ont à nouveau fui pour trouver refuge à la périphérie de la ville.
« Les conflits armés sont en augmentation et touchent de manière disproportionnée les personnes les plus vulnérables », a déclaré le Coordinateur humanitaire par intérim de l’ONU pour la Somalie, Cesar Arroyo, qui s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire à Mogadiscio.
« Outre le déplacement de civils innocents, les premières violences ont créé de l’incertitude et la crainte de perturbations de l’aide humanitaire pour des centaines de milliers de personnes vulnérables à travers la ville », a-t-il ajouté.
Intensification des déplacements liés au conflit dans le pays
Contrairement aux deux années précédentes, « la plupart des déplacements en Somalie cette année sont liés au conflit » et les déplacements liés au conflit se sont intensifiés dans le pays.
Depuis janvier, l’agence onusienne estime que 173.000 personnes ont été déplacées, dont près des deux tiers par le conflit.
Parmi elles, 50.000 personnes ont été déplacées par la violence dans 19 villages de Berdale, dans l’État du Sud-Ouest, de Gaalkacyo, dans la région de Mudug, et de Cabudwaaq, dans la région de Galgaduud. Face à cette situation humanitaire, l’ONU exhorte donc les parties au conflit à respecter le droit humanitaire international et leur obligation de protéger les civils.
Sur le terrain, les partenaires humanitaires se mobilisent et adaptent leur réponse à l’évolution de la situation.
« Cependant, ils sont confrontés à des défis insurmontables en raison des contraintes d’accès et de l’insécurité dans toute la ville », a regretté M. Arroyo.
Pour apporter une aide « efficace », l’ONU plaide pour « un accès humanitaire sans entrave afin de venir en aide aux personnes dans le besoin ».
« Il faut aussi garantir la sûreté et la sécurité de notre personnel », a fait valoir le Coordinateur humanitaire par intérim de l’ONU pour la Somalie.
Sécheresse et invasion de criquets pèlerins
La situation a éclaté au moment où la Somalie connaît une véritable sécheresse et une invasion des criquets pèlerins. En consultation avec l’ONU, le Gouvernement fédéral a d’ailleurs déclaré, dimanche dernier, l’état de sécheresse dans le pays à la suite d’une succession de saisons retardées et médiocres et d’un climat plus rigoureux et plus chaud.
Plus de 80% de la Somalie connaît des conditions de sécheresse modérées à sévères, certaines parties du Somaliland et du Puntland, ainsi que les régions du centre et de Gedo figurant parmi les zones les plus touchées.
Au moins 3,4 millions de personnes devraient être touchées par la sécheresse d’ici à la fin de 2021, dont environ 380.000 qui devraient être déplacées.
À ce jour, plus de 116.000 personnes ont été déplacées entre octobre 2020 et avril 2021, en raison de graves pénuries d’eau et de conditions de sécheresse.
Mais les déficits de financement représentent un défi majeur pour l’intensification de la réponse. Jusqu’à présent, seuls 16% des 1,09 milliard de dollars nécessaires pour venir en aide à quatre millions des Somaliens les plus vulnérables en 2021 ont été reçus.