Situation humanitaire alarmante au nord du Cameroun

Les habitants dans l’Extrême-Nord du Cameroun sont les premières victimes du conflit avec Boko Haram auquel viennent s’ajouter des inondations récurrentes.

La situation humanitaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun s’est dégradée depuis ces trois dernières années. L’insécurité alimentaire est en effet accentuée par le conflit contre Boko Haram qui a fait fuir des milliers de déplacés internes.

Les inondations causées par de fortes pluies ont par ailleurs entraîné de nombreux dégâts. Entre guerre et famine, les populations élaborent au quotidien des stratégies pour survivre.

Les attaques récurrentes des groupes armés ont chassé plus de 320.000 déplacés internes, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.

Malou est âgée de 13 ans et elle est partie de Mora pour Magdeme, où elle vit avec sa grand-mère. La guerre qui oppose l’armée camerounaise à la secte Boko haram a coûté la vie à son père.

“Après la prière de cinq heures du matin, un groupe armé est arrivé, il tirait partout. Je me suis cachée sous le lit, ils sont entrés dans la maison, ils ont tué mon père et enlevé mon frère. Depuis qu’on a tué mon père, quand je vois les autres partir à l’école et moi pas, je pense à mon père et je pleure”, explique Malou.

La peur est grande

La lutte contre Boko Haram a bouleversé la vie des habitants de Magdeme. Selon Madi, le lamido de la localité, qui est un chef traditionnel musulman, les populations vivent dans la peur. Travailler dans les champs est devenu suicidaire.

“Dernièrement, ça ne fait pas six mois, ici à Magdeme on a enlevé une personne et on ne sait pas où elle se trouve. Il y a encore un autre qui est allé voir son champ, on l’a tué sur place”, dit Madi.

Malgré tout, les autorités affirment qu’il n’y a plus rien à craindre et que tout est sous contrôle. C’est ce qu’explique Roger Saffo, préfet du Mayo-Sava.

“Les autorités administratives responsables des forces de l’ordre sont sur le terrain de jour comme de nuit en train de faire des patrouilles pour chasser les derniers ressorts locaux de Boko Haram dans notre département”, estime le préfet.

Perturbations climatiques

A la crise sécuritaire dans cette région, s’ajoutent les perturbations climatiques.

Djenabou est agricultrice dans le village Seradoumda et elle a perdu une bonne part de sa récolte à cause des inondations.

“Dès qu’on cultive, l’eau vient tout détruire. Quand on enlève même les mauvaises herbes, le lendemain ça repousse car il y a beaucoup d’eau et cela envahit le mil. Avec ça, comment les cultures peuvent-elles produire ?”, se lamente le paysan.

En 2020, les inondations ont ainsi causé une cinquantaine de morts et près de 160.000 sinistrés, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Les habitants de l’Extrême-Nord du Cameroun manquent donc de ressources alimentaires, empêchés d’aller dans leurs champs par les rebelles de Boko Haram, quand leurs récoltes ne sont pas tout simplement détruites par les eaux.