L’association du satanisme et du transsexualisme est un phénomène culturel très marqué depuis les années 1990. Les exemples sont trop nombreux pour que je me livre à un inventaire. Pensons plutôt à l’exemple emblématique de Marilyn Manson.
Et éliminons d’abord un faux problème. La question qui nous intéresse n’est pas celle de la motivation de celui qui se fait appeler Marilyn Manson, mais celle de la motivation de ceux qui ont décidé d’en faire une star – son producteur Trent Reznor, par exemple. Le sujet important n’est pas la responsabilité de l’artiste, mais la responsabilité de ceux qui décident quel type d’art et quels artistes vont être promus. Plus largement, la question n’est pas de savoir pourquoi il y a des pervers dans nos sociétés – et parmi eux des pervers qui se prennent pour des artistes – mais pourquoi ils sont érigés en modèles et par qui. Ce que nous cherchons à comprendre ici, ce ne sont pas les pervers eux-mêmes, mais l’origine des courants culturels et intellectuels qui font la promotion de la perversité. Par exemple, il existe une pathologie nommée autogynéphilie, conceptualisée par le psychiatre Ray Blanchard : les hommes porteurs de cette pathologie éprouvent une excitation sexuelle en se travestissant en femmes. Ce qui, dans une perspective civilisationnelle, doit nous intéresser, ce n’est pas ce trouble psychiatrique, mais la motivation de ceux qui banalisent cette pathologie pour en faire une normalité (voir à ce sujet le documentaire «Les loups dans la Bergerie»).
La promotion du transsexualisme n’est pas un phénomène tout nouveau. C’est un prolongement de la «libération sexuelle», qui apparaît dès les années 70, d’abord sur un mode ludique. Le film emblématique et programmatique est The Rocky Horror Picture Show, produit en 1975 par Lou Adler et Michael White. Jamais l’expression «film culte» n’a été aussi appropriée, car de véritables rituels était organisés lors de projections de ce film dans les campus et ciné-clubs jusqu’à la fin des années 80. Organisés par qui, telle est la question.
Ce film est représentatif de ce qu’Alain Soral a nommé la «transgression de masse». L’ingrédient satanique deviendra plus marqué dans les années 90 (Madonna, Lady Gaga, etc.). Transsexualisme et satanisme sont deux formes de transgression : transgression de la loi naturelle dans le premier cas, transgression du sacré et du religieux dans le second. Les deux entrent en résonnance et s’amplifient mutuellement. Dans le couple transsexualisme-satanisme, le chrétien a tendance à voir le satanisme comme l’élément central, mais en réalité, il est plutôt périphérique. Les symboles et l’esthétique sataniques servent essentiellement, à mon avis, à accompagner le mouvement transsexualisme dans une population déjà hostile à la religion chrétienne. Dans la mesure où le christianisme défend en Occident la loi naturelle, l’inversion du christianisme par le satanisme amplifie le message transsexualiste. Le satanisme est la forme culturelle, le transsexualisme est le fond idéologique.
Le volet idéologique est bien représenté par Martine (ex-Martin) Rothblatt, co-auteur dans les années 90 d’une «Charte internationale des droits du genre» (International Bill of Gender Rights), et d’un best-seller, The Apartheid of Sex, réédité en 2011 sous le titre From Transgender to Transhuman. Notons en passant l’association du transsexualisme (ou transgenrisme) et du transhumanisme, mais laissons de côté le second, sur lequel je reviendrai dans un autre article. Rothblatt écrit :
«À l’avenir, le fait d’étiqueter les gens à la naissance comme «mâle» ou «femelle» sera considéré comme aussi injuste que la pratique sud-africaine, aujourd’hui abolie, qui consistait à apposer la mention «noir» ou «blanc» sur les cartes d’identité des personnes. (…) L’apartheid du sexe est tout aussi néfaste, douloureux et oppressif que l’apartheid de la race».
«L’insistance des féministes à considérer les individus comme des individus, indépendamment de leur biologie sexuelle, peut maintenant être portée à l’étape logique suivante : les individus sont des individus, pas des types de sexe».
«Au troisième millénaire, l’orientation sexuelle évoluera vers un modèle unisexuel, car les types de sexe «masculin» ou «féminin» disparaîtront. Les personnes, quel que soit leur caractéristique génitale de naissance, se sentiront libres de s’identifier comme olive, magenta, corail, ébène ou blanc, ou comme femme ou hommasse, dure, tendre ou trans. Avec ce continuum de possibilités sexuelles, les termes «gay», «hétéro» et même «bisexuel» perdront toute signification».1
Sans surprise, le militantisme transsexualiste s’appuient sur la lutte contre le racisme et contre le sexisme. Il exploite ainsi l’effet cliquet du juridique : un droit acquis n’est jamais remis en question et sert d’appui au combat suivant.
D’où vient la haine
Quelle est la motivation profonde des élites qui façonnent notre environnement culturel, nos idées «progressistes» et notre destin civilisationnel ? Sont-ils mus par une idéologie ? En partie, certainement. L’idéologie transsexualiste peut être vue comme une évolution presque nécessaire de l’individualisme, de l’égalitarisme, du relativisme, du progressisme et de toute cette salade idéologique dont se nourrit l’Occident depuis déjà plusieurs siècles : chacun est libre de déterminer son identité, toutes les identités se valent, il n’y a pas de norme, et si la technologie médicale permet de changer de sexe, c’est le progrès. Le possible devient un «droit». Le droit lui-même, qui procède par incrémentation, a sa logique propre, comme l’a souligné Damien Viguier : «la suppression dans l’espace des droits de tradition européenne, de toute conséquence juridique à la distinction entre les deux sexes, devait nécessairement conduire au mariage et à la parentalité homosexuel»2. Et de là au droit de changer de sexe, il n’y a qu’un petit pas.
Cependant, l’explication idéologique n’est pas suffisante, comme je l’ai déjà dit. Car le droit, par exemple, est censé protéger l’enfant de l’inceste, des abus sexuels, et de toutes les formes de violence. Or non seulement le mouvement transsexualiste fait bon ménage avec le militantisme pédophile, mais il pratique sur des mineurs des expérimentations chirurgicales et hormonales, qui sont à l’évidence criminelles au regard du droit naturel.
Pour comprendre ce qui se passe vraiment, il faut chercher en deçà du rationnel. Il faut, en quelque sorte, passer de la Raison de Hegel à la Volonté de Schopenhauer (pour ce dernier, le rationnel n’est qu’une «représentation» de la volonté). Au commencement n’est pas l’idéologie, le projet rationnel. Au commencement est la haine, la volonté de nous détruire. Si c’était une idéologie qui nous conduisait à notre perte, cela signifierait que nous sommes victimes de gens bien intentionnés, croyant agir pour le bien de l’humanité, mais qui se trompent. Tout ce qui nous arrive serait le fruit d’une erreur. Ce n’est pas le cas. Nous sommes conduits vers notre déchéance de manière délibérée et concertée, par des gens qui n’ont pas le bien de l’humanité à cœur, mais la haine du genre humain.
Qui sont-ils ? Pour le savoir, il suffit de chercher le point commun de la majorité des personnes que nous pouvons identifier parmi celles qui déterminent l’évolution de notre société. Dans son livre Transsexual Transgender Transhuman : Dispatches from The 11th Hour, Jennifer Bilek écrit : «Des hommes blancs extrêmement riches ayant une énorme influence culturelle financent le lobby transgenre et diverses organisations transgenres». Les trois premiers noms qu’elle cite sont Jennifer (ex James) Pritzker, George Soros et Martine (ex Martin) Rothblatt. Des «hommes blancs extrêmement riches», certes, mais encore ?
Des «hommes blancs extrêmement riches» comme ceux qui saturent notre environnement culturel de la pornographie la plus dégradante. Remercions le professeur juif américain Nathan Abrams d’avoir, dans le Jewish Quarterly, souligné le «rôle disproportionné des juifs laïcs dans l’industrie du film pour adulte en Amérique». Et rappelons qu’à la tête de «Big Porn» (PornHub, YouPorn, etc.) se trouve non un prêtre sataniste, mais le rabbin Solomon Friedman.
Satanisme et judaïsme
J’ai montré dans mon article précédent que Satan n’a pas de consistance ontologique dans la Bible hébraïque, et il n’en a pas davantage dans la tradition juive en général : Yahvé fait le bien comme le mal. Dans ce cas, n’est-il pas étrange que deux sectes sataniques aient été fondées par des juifs : Anton LaVey, fondateur de l’Église de Satan, et Malcolm Jarry, fondateur du Temple Satanique. La «biographie autorisée» de LaVey nous apprend que, dans sa jeunesse, «il s’impliqua dans des groupes militants israéliens, dont certains fournissaient des armes à la nouvelle nation – des organisations portant des noms tels que Betar, Hashimer Hatzair, Poale Zion, le Stern Gang et l’Irgoun»3. Quant à Jarry, il se décrit lui aussi comme un «juif laïc» attaché à Israël. Selon l’article que lui consacre The Times of Israel, il prêche «l’art du changement social «satanique»». Satan n’intéresse pas les juifs, mais le «changement social» pour les Goyim, ça, c’est une vraie passion juive.
Remarquons également que la mythologie satanique, qui avait perdu son attrait au début du XXe siècle, a été réactivée au cinéma par des réalisateurs juifs : Roman Polanski avec Rosemary’s Baby (1968) et William Friedkin avec L’Exorciste (1973). Ces deux films ont eu une influence considérable sur la psyché collective, et ont fait de nombreux petits. Là encore, il faut s’interroger sur le fait que ce ne sont pas de vrais satanistes mais de vrais yahvistes qui invitent Satan chez nous.
Ainsi, il en va du satanisme comme de son frère jumeau, le transsexualisme : ce ne sont pas des adorateurs de Satan, mais des adorateurs de Yahvé qui injectent cela dans notre environnement culturel. Pourquoi le font-ils ? Le transsexualisme, tout comme la pornographie, est un virus mortel qui s’attaque au cœur anthropologique d’une civilisation, et qui la démoralise, littéralement. Le satanisme, comme je l’ai dit, est essentiellement du folklore, un décor, un style, un langage qui accompagne cette transgression de masse.