Réponse au général Yakovleff

Analyse et réponse ironique á l’interview du général Yakovleff sur Air et cosmos

Comme le disait Sun Tzu : « Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait ; qui ne connaît l’autre mais se connaît, sera vainqueur une fois sur deux ; qui ne connaît pas plus l’autre qu’il ne se connaît sera toujours défait. » (chapitre 3)

On me pardonnera donc d’avoir regardé la propagande magnifiquement servie par le Général Yakovleff et monsieur Tytelman d’Air et Cosmos1.

Accordons à ces gens les félicitations d’usage, une remarquable complicité, monsieur Tytelman a su avec talent mettre son invité en valeur et apporter les points qui permettaient au maître queux de nous servir son plat.

Quant au général Yakovleff reconnaissons, sans préjuger de leur origine, ses qualités de présentateur et de rhéteur.

La mission qui lui était confiée était de convaincre les auditeurs de l’inéluctable victoire de l’Ukraine et de la nécessité de soutenir l’armée Ukrainienne. Accordons-lui, ce talent de l’avoir joué à plusieurs niveaux : Des explications opératiques, des explications stratégiques et enfin, c’est sans importance, la Russie va s’effondrer.

Il commence par planter le décor et provoque un sentiment de culpabilité car il explique que l’ukraine ne fut pas suffisamment soutenue entre 2014 et 2022. Amusant, pour qui se souvient des reportages qui montrent que 80 000 soldats ukrainiens ont été formés durant ces années. Le général oublie d’ailleurs les problèmes réguliers d’officiers ukrainiens qui ont gratifié différentes académies militaires occidentales de petites fêtes réhaussées de saluts nazis. Nos gouvernements ont massivement fourni des armes à ce pays. Certes, ce fut insuffisant pour compenser les armes d’origines soviétiques que le gouvernement de ce pays a vendu aux quatre coins du monde. On remarquera d’ailleurs que l’artillerie russe est d’origine soviétique qu’eux, n’ont pas vendue. Nos pays sont donc priés de compenser la braderie ukrainienne.

Une fois que nous avons avalé notre dose de culpabilité, l’heure de l’exaltation de la victoire est venue. Notre brillant général pour être certain de couvrir toutes les possibilités nous offre trois scénarios possibles : Victoire russe, victoire ukrainienne, match nul. Bravo, tout est couvert, le sérieux étant démontré l’heure est venue de prouver au public que la victoire russe est improbable. Belle manœuvre les flancs sont en sécurité, l’heure de l’offensive au centre – Victoire ukrainienne – est venue.

Notre général prouve son expérience de la cavalerie et le dragon charge sabre au clair : Les Russes auraient de lourdes faiblesses militaires dans tous les domaines, manqueraient d’équipements et de munitions. N’en rajoutez plus, ils sont habillés pour l’hiver, merci d’avoir suppléé aux manques de l’intendance russe. Pourtant, ultérieurement il nous expliquera que les Russes ont un avantage de moyens lourds sur les Ukrainiens. La vérité est à géométrie variable comme le F14.

Malheureusement, cette merveilleuse machine fut remplacée par le F18 qui renonçait à cette capacitée. Peut-être car certaines contorsions sont difficiles à assumer ! Et donc le général reconnait que sans recevoir de blindés de l’OTAN l’Ukraine est incapable d’attaquer alors que les Russes ont l’initiative. Après que les contre-offensives kiéviennes de l’été aient été tant encensées, nous admettrons la subtilité avec laquelle notre expert reconnait que les Russes ont désormais repris l’initiative stratégique sans jamais prononcer le terme. N’ayant pas la même excellente éducation, je me permettrais le blasphème contre la doxa ambiante que vous défendez.

Donc la Russie possède l’initiative et l’Ukraine en dehors de reprendre des territoires, n’a pas obtenu de gains stratégiques. La guerre continue et la situation est la même qu’avant les offensives, bel exemple d’avantage, oserais-je le terme ? Gaspillé. Merci Messieurs d’avoir l’honnêteté de nous le prouver lorsque l’on lit votre discours en creux.

Votre compétence en propagande n’étant plus à démontrer, bien que l’armée russe manque de tout, et soit nulle elle a réussi à reprendre l’initiative alors qu’elle forme une nouvelle masse de manœuvre.

Oserais-je moi civil questionner votre grande sagesse ? Mais si comme vous l’affirmez, les Russes organisent une masse de manœuvre, et sont à parité numérique avec les Ukrainiens au global. Alors, les mathématiques voudraient que sur le front les Russes soient en infériorité numérique. Comment alors, cette armée de troisième division peut-elle alors prendre Soledar et encore attaquer au nord alors que sa masse de manœuvre s’organise toujours ?

Mon général, je vais finir par imaginer que vous avez manqué votre carrière. Vous n’auriez pas dû servir dans les régiments de dragons, mais de hussards qui correspondent davantage à ce que je perçois de votre âme aventureuse.

Mais bon sachons glisser mortels, les Russes vont avoir l’initiative, mais fort heureusement ils ne feront que des erreurs. Car, pour des raisons politiques, ils devront attaquer et se casser les dents sur Kiev. Ils ont échoué une fois, ils échoueront deux fois car ils sont mauvais. Pour soutenir ce scénario, vous nous resservez celui de la bataille des Ardennes, qui bien évidemment se reproduira de la même manière, car comme chacun sait, les Russes de Poutine c’est Hitler.

Vous devenez soudainement bien timide pourtant, avec quels moyens nos amis ou plutôt, vos amis car je ne veux pas être associé avec ces gens, briseront-ils la pointe russe ? Dans les Ardennes, permettez-moi de vous le rappeler, les Allemands ont attaqué avec des chars lourds, matériel inadapté au terrain, et au Sud Patton a dirigé plusieurs divisions pour soutenir la défense.

Nous ne sommes plus en 1944, mais en 2022. Où les Ukrainiens trouveront-ils un Patton et la supériorité aérienne dont jouissaient les alliés ? En mars, les Russes ont engagé quelques dizaines de milliers d’hommes, sur un corps de bataille d’à peine cent mille hommes. Cette fois-ci, les effectifs ont explosé, il est probable que de part et d’autre ils sont de trois ou quatre fois ceux du printemps. Vous avez certainement de meilleurs chiffres que les miens. En face, la métropole de Kiev, formidable obstacle par le simple chiffre de sa population à dû, vous me permettrez l’hypothèse, perdre des habitants. L’obstacle a donc perdu de sa valeur relative.

Pourtant, vous me permettrez d’avoir la méchanceté de ne pas partager votre scénario sur l’épopée vers la capitale ukrainienne. Cela serait certainement magnifique au plan esthétique, mais j’aurais deux objections :

La première politique, contrairement à ce que vous nous laissez croire, conquérir Kiev, manœuvre décisive au Printemps 2022, le serait-elle encore un an plus tard ? J’oserais affirmer que non, les centres de commandement ont dû être dispersés, je doute que les officiers qui aident l’armée ukrainienne soient dans cette métropole. Surtout, la communication ukrainienne a centré le conflit autour de Mr Zelensky et il est improbable que les Russes le capturent dans une action contre la capitale.

Les Russes sont donc, vous me pardonnerez d’avoir un avis, même si c’est le propre d’un débat démocratique, contraint d’y aller à l’ancienne. Le brillant officier que vous êtes connait certainement les campagnes napoléoniennes. Vous savez donc que la seule capitale prise de vive force, Moscou, n’a pas apporté à celui-ci la victoire espérée. S’il gagnait c’est parce que les batailles détruisaient l’armée adverse. La bataille décisive est celle qui détruit l’outil militaire ennemi.

Donc, si nous reprenons votre opinion, les Russes doivent accomplir quelque chose de décisif. Ils peuvent poursuivre l’option politique, mais un commando chargé de tuer le président Zelensky leur procurerait le même avantage. Ou, ils peuvent viser l’armée adverse ! Je sais que Poutine, lorsqu’il n’est pas occupé à mourir de ses multiples maladies, est le diable et la réincarnation de Hitler. Mais, malgré sa mauvaise santé lorsqu’il parle il produit un discours dans lequel ceux qui l’écoutent peuvent distinguer un certain sens. Que dit-il ? Denazification et destruction du potentiel militaire ukrainien.

Je sais mon général que sur votre fier destrier, les cliquetis de l’armure empêchent d’écouter l’ennemi, mais permettez à ceux qui sont les pieds dans la boue et paient la facture de vous relayer ce discours. Dénazification, destruction du potentiel militaire ukrainien et des armes fournies par l’OTAN. Cela sonne comme : L’objectif est l’armée ukrainienne et, une fois détruite, il aura atteint deux objectifs : Imposer aux Ukrainiens de céder à ses revendications et gagner le prestige de celui qui aura vaincu ce qui est aujourd’hui pour l’opinion mondiale le principal corps de bataille de l’OTAN. Une victoire à Khiev ne lui accordera pas ce second bénéfice.

Et cela me mène à ma deuxième objection. Je vais devoir me montrer méchant et heurter vos sentiments, je vous prie de me pardonner ce manque de bienveillance. Le cavalier que vous étiez avant d’être en état-major ne peut ignorer que la mitrailleuse a détruit les troupes montées à cheval. Permettez-moi de vous rappeler ce triste souvenir pour votre arme. Vos amis polonais que vous croisez au QG de l’OTAN pourront certainement vous rappeler ce qui arrive lorsque des troupes, certes courageuses, chargent des mitrailleuses. Un véritable effet moisson ! Ils en ont d’ailleurs un souvenir cuisant, puisque c’est leur dernière guerre. Oui, je sais, il est méchant de ma part de rappeler que nos complices ont refusé de s’allier avec les Russes contre les Allemands. Ils ont poussé Molotov dans les bras de Ribbentrop et réussit ainsi à annihiler leur indépendance pendant cinquante ans. Heureusement, aujourd’hui ils peuvent influer sur notre politique étrangère et les institutions européennes.

Les Russes sont des gens nettement plus pragmatiques et eux ont su gagner leur guerre et détruire les Allemands. Les pays de l’OTAN n’auraient pu libérer l’Europe occidentale sans les défaites nazies à l’est. Dans cette épreuve douloureuse ils ont su apprendre et depuis conservé cette qualité. Il est donc probable qu’ils ont analysé la situation entre la cuirasse et l’épée et depuis les opérations du printemps ils semblent avoir compris que les missiles se dressent désormais devant les chars comme les mitrailleuses se dressaient autrefois devant les cavaliers. Comme je vous l’ai dit, je vous demande pardon d’évoquer ce qui est pour un soldat monté un souvenir traumatique. (La cavalerie a failli disparaitre). Peut-être est-ce là la raison qui vous empêche de comprendre cette nouvelle donne. Vous préférez attribuer la lenteur des opérations à une incompétence de l’armée russe. Cela vous arrange pour nous vendre votre thèse : Les Russes ne mènent pas de grande offensive et donc cela signifie qu’ils n’en sont pas capables. Sous-entendu, regardez les percées de la Seconde Guerre mondiale, ils ne sont même pas à ce niveau. Mais le mètre étalon me semble faux, et il me parait que les Russes l’ont aussi compris. Face aux missiles la seule solution devient d’éliminer l’ennemi par le feu avant d’occuper ses tranchées. C’est d’ailleurs le grignotage auquel nous assistons.

Il ne vous aura pas échappé que les Russes après la prise de Soledar n’ont pas tenté d’engager de percée. On peut l’attribuer à une incompétence, mais peut-être à une vision plus juste de la formidable létalité du feu en ce début de siècle. L’hypothèse mériterait d’être examinée, après tout face au Hezbollah en 2014 les Israéliens ont rencontré les mêmes difficultés malgré leurs Merkava. Les munitions modernes, Javelin, Kornet… semblent capables d’offrir un très bon taux d’impact et de percer l’ensemble des blindages connus. Maintiendront-ils leur avantage, nul ne le sait, mais produire une génération de moyens défensifs contre ces armes exigera davantage de temps que la durée probable du conflit. On parle de cinq à dix ans de développement pour que les moyens qui seront testé cette année soient revus et corrigés.

Or, vous n’abordez même pas cette option, le seul schéma que vous proposez à notre réflexion est celui d’une frappe à la tête sur le modèle des Américains partis occuper Bagdad. Je comprends que cela vous évoque de glorieux souvenirs et vous ne serez pas le premier officier qui revive sa jeunesse alors qu’il planifie la nouvelle guerre. Les amiraux japonais ont souvent revécu Tshuchima lorsqu’ils planifiaient les combats de la Seconde Guerre mondiale. Cela n’implique pas que ce soit la bonne méthode.

Puisque nous parlons histoire permettez-moi de vous rappeler un général qui fut aussi en son temps traité de boucher et que l’épouse du président Lincoln a fortement critiqué. Le général Grant qui mena à son terme le plan anaconda qui a brisé les Sudistes durant la guerre de Sécession. C’est lui qui à force de méthode et de feux a contraint un certain général Lee à déposer les armes.

Vous utilisez l’histoire pour crédibiliser vos hypothèses, vous me permettrez de vous rendre la pareille. Je me permets de constater que les opérations à cette date valident ce modèle. Les Russes ont la parité en hommes nous dites-vous, très bien. Vous reconnaissez qu’ils ont la supériorité matérielle et donc l’avantage de la puissance de feu. Le déluge d’obus subi par les Ukrainiens semble crédibiliser un échange de pertes très défavorables à la partie ukrainienne. Il est donc probable que la parité deviendra bientôt une supériorité numérique russe et alors, le front soumis à une pression considérable peut s’effondrer comme le fit le front allemand en 1918. Vous pardonnerez cette collection d’expériences militaires peu glorieuses, mais que voulez-vous je ne suis qu’un pauvre industriel focalisé sur le nombre.

Pourtant, la stratégie me semble crédible, les Russes peuvent multiplier les axes de menaces et forcer les Ukrainiens à disperser leurs forces. Surtout vu que la destruction du réseau électrique affaiblit la mobilité stratégique des défenseurs et réduit les moyens qui parviennent au front depuis l’occident.

Si l’on constate que les Ukrainiens ont dû organiser la rotation de leurs unités à Bakhmout/Soledar, combien de points chauds pourront-ils encore accepter ?

Comme vous le voyez, d’autre scénarios sont possibles et correspondent à une simple extrapolation des opérations actuelles. Les Russes auraient alors une chance de gagner probablement supérieure à votre évaluation.

Mais, pardonnez-moi, j’oubliais que les épopées légendaires se terminent toujours bien. Vous nous avez donc assuré que le scénario le plus probable était une victoire ukrainienne. Bien évidement nous n’oserons pas contredire la doxa, il est évident que le camp que vous honorez de votre bienveillance l’emportera après tout, ils ont déjà conquis votre cœur. Pourtant, si vous avez les yeux de Chimène je vous souhaiterais l’éloquence de Cyrano.

À ma grande déception vous nous assurez que la victoire ukrainienne viendra d’une erreur russe. Quel manque de souffle, vous aviez si bien commencé. Je sais que la nullité russe est une donnée d’évidence pour les vôtres. On a connu un meilleur contrôle de son destin. Mais puisque vous nous avez abreuvé d’exemples historiques permettez-moi de vous rappeler que la Seconde Guerre mondiale fut gagnée par une alliance de sous hommes slaves et d’une puissance de négres, c’est ainsi que Hitler dépeignait les Américains. Le racisme est rarement un bon outil d’analyse militaire, mais je vous accorde que pour la propagande c’est un bien meilleur argument. Ceux que cela convaincra risquent pourtant d’être un peu déçus si ces Russes si méprisés gagnent le conflit. Gageons que d’ici là, vos collègues de Mons sauront vous glisser un argumentaire pour prouver que c’est malgré tout une victoire.

Donc, en attendant le courageux ukrainien en est réduit à attendre que l’offensive russe, qu’il contrera parce que le moudjik est un mauvais soldat. Ensuite, une fois ce miracle accompli il pourra recevoir des chars qui lui permettront de prendre l’offensive et de gagner.

À moins, que l’occident, radin, ne fournisse pas de moyens et que le conflit se termine par un match nul. Dans ce cas vous nous assurez que ça ne sera que le prélude de la prochaine guerre.

Mais alors, pourquoi mon général passez-vous ensuite votre temps à nous expliquer que la Russie va s’effondrer ? Si la guerre doit reprendre dans quelques années la Russie sera encore là, mais nous n’en sommes plus à une contradiction prés.

Car, je dois me reconnaitre admiratif de votre compétence mon général. Vous avez manqué votre carrière si vous me le permettez. Vous eussiez fait un si bon devin ! Nous annoncer rien de moins que l’effondrement de la Russie et sa partition en entités plus faibles. Merci de nous publier les buts de guerre de l’OTAN, je vous rassure les documents sur le sujet sont connus de ceux qui veulent savoir. Mais quel talent d’acteur, à faire pâlir Volodymyr Zelensky. On pourrait croire que vous regrettiez ce qui allait arriver et que vous nous révéliez des informations refusées au commun des mortels. Quel dommage que le temple de Delphes soit aujourd’hui détruit, vous auriez pu vous y relocaliser.

Mais je suis méchant, contrairement aux augures, vous nous gratifiez de quelques motifs que nous pouvons analyser. Je vous accorde que je préfère, je ne suis pas doué pour reconnaitre les vols des oiseaux. Vous développez trois raisons principales sur lesquelles je vais m’autoriser à croiser votre fer.

La première raison est que la Russie est un état en déclin démographique. Votre souci de cette population vous honore. Mais si elle doit s’effondrer pour cette raison, que faisons-nous des vingt-et-un autres états qui subissent aussi une réduction de leur population2 ? Qui s’effondrera le premier de la Russie qui baisse de 0,1% par an (dans mille ans il demeurera un tiers de leur population) ou de nos voisins et néanmoins amis les Allemands avec 0,2% de baisse. Mais soyons gentils prenons un cas plus pertinent, comme l’Ukraine qui perdait elle, avant-guerre, 0,5% de sa population par an.

Je me permettrais de vous indiquer donc que cette baisse de population pour préoccupante qu’elle puisse être, et le pouvoir moscovite y est sensible, est assez limitée en termes d’importance. Nous vivons dans un monde moderne en nouveau régime démographique qui se caractérise par une faible mortalité et une faible natalité. Il suffirait que la population russe retrouve foi en l’avenir pour qu’elle se remette à avoir de nombreuses familles. Et nous vivrons certainement de longues baisses démographiques légères suivies de pointes rapides de croissance de population.

Vous nous expliquerez naturellement que les facteurs sont cumulatifs et que justement les Russes ne retrouveront pas leur confiance dans l’avenir car ils vivent une désindustrialisation. Venant d’un Français la remarque mérite les applaudissements. Êtes-vous certain que vous critiquez le pouvoir russe ou meniez-vous une charge contre le pouvoir macronien ? Vu les investissements russes ces dernières années et leur résistance aux sanctions il semblerait pourtant que la remontée industrielle soit en cours. Il est d’ailleurs probable que bientôt nos industriels protesteront contre la concurrence russe que nous avons-nous même forcée à exister.

Pour m’ôter toute illusion, vous rajoutez un facteur supplémentaire qui est la mafia, force est de constater qu’entre la Russie et l’Ukraine la compétition est rude, mais n’insistons pas. Pourtant alors pourquoi la production russe de viande de porc est-elle passée de déficitaire à exportatrice après les sanctions suivant l’annexion de la Crimée ? La mafia a-t-elle investi directement dans le cochon ou bien la puanteur des élevages de porc a-t-elle troublé les gangsters ?

Il vous reste le dernier argument, l’incroyable flexibilité des formes de gouvernement russe qui fragiliserait le pouvoir russe. Méfiez-vous, l’inverse est possible, la société russe accepte une certaine mortalité contrairement à ce que vous affirmez et les formes de pouvoirs, plus proches de leurs citoyens que par exemple notre gouvernement, peuvent permettre au pouvoir russe d’assumer la pression. Surtout si la guerre se termine par une victoire russe qui transforme l’Ukraine de l’ouest en no man’s land.

Je me permets à ce stade de prendre congé, oserais-je vous proposer tout de même un léger conseil ? Je vous sais obligé de mendier la gamelle à Mons, pardon, on dit consultant. C’est un travail difficile qui impose de régulièrement chasser les contrats. L’Allemagne cherche un ministre de la Défense, La France macroniste pourrait également profiter de vos compétences. Vous avez toutes les qualités requises :

La capacité de nous jouer le narratif avec un regard qui ferait pâlir un cocker, la proximité avec les Anglo-Saxons. En bref si vous avez besoin d’un témoin de « moralité », n’hésitez pas à me demander je vous recommanderais vous ne dépareillerez pas au sein de l’un de ces deux gouvernements.