La République centrafricaine (RCA) est confrontée à des « besoins humanitaires sans précédent et à une détérioration de la sécurité alimentaire », a averti mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) indiquant qu’il s’attendait à une dépendance continue à l’égard de l’aide humanitaire en 2022 et 2023.
Selon le PAM, quelque 2,2 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë élevée entre avril et août 2022, selon la dernière mise à jour de la classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC). Cela représente près de la moitié de la population totale du pays.
« La RCA rejoint ainsi la liste des pays qui comptent la plus forte proportion de populations en situation d’insécurité alimentaire aiguë, comme le Yémen, le Soudan du Sud et l’Afghanistan », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Tomson Phiri, porte-parole du PAM.
Pour l’agence onusienne, l’insécurité alimentaire en RCA est due aux effets combinés d’un conflit armé interne prolongé, de l’insécurité persistante et des déplacements de population.
« Au-delà de ces chocs, il existe des facteurs structurels tels que la forte croissance démographique, la pauvreté généralisée, le sous-emploi et la dégradation de la base de ressources agroécologiques qui contribuent à une détérioration progressive des moyens de subsistance et de la sécurité alimentaire », a ajouté M. Phiri.
L’effet « dévastateur » de la guerre en Ukraine
Comme pour aggraver les choses, la crise ukrainienne a un effet « dévastateur » sur les conditions de vie en RCA, avec « un risque de situation d’urgence ». « Le conflit en Ukraine aggrave ce qui est déjà une année de faim catastrophique en RCA », a-t-il dit.
Or sur le terrain, la hausse du prix du carburant et des denrées alimentaires, ainsi que la dégradation des conditions de vie due à l’inflation sont inévitables. Une forte augmentation des prix de certains produits de base est attendue en RCA d’ici août 2022.
A ce sujet, le PAM s’attend à une hausse de +70% pour l’huile végétale et de +30% pour le riz. Il faut également tabler sur une augmentation de +67% de certains céréales comme la farine de blé.
Le PAM craint que la crise du carburant en cours en RCA n’aggrave encore la situation de la sécurité alimentaire. Les pénuries de carburant se produisent principalement chaque année entre mai et juillet, ce qui correspond à la fin de la saison sèche et au début de la saison des pluies. La RCA est confrontée à une situation sans précédent cette année, puisqu’elle fait face à une pénurie de carburant depuis le 14 mars.
Le PAM a besoin de plus de 68 millions de dollars
Et la pénurie de carburant entraîne une augmentation des coûts de transport et des prix des produits essentiels et alimentaires. Cette situation affecte aussi la capacité du PAM à assurer des livraisons adéquates et l’a contraint à mettre en œuvre un ensemble de mesures d’urgence, en donnant la priorité aux distributions et aux missions de sauvetage uniquement.
Plus globalement, la situation géopolitique actuelle a également un impact sur les opérations du PAM et en particulier sur le prépositionnement des denrées alimentaires dans le pays. « La chaîne d’approvisionnement (transports terrestres, aériens et maritimes) souffre désormais des coûts de transport élevés, auxquels s’ajoutent des délais de livraison plus longs », a détaillé le porte-parole de l’agence onusienne.
Compte tenu des niveaux actuels d’insécurité alimentaire et des contraintes opérationnelles, le PAM s’attend finalement à ce que les besoins humanitaires continuent de se détériorer. Et pour continuer à répondre aux besoins croissants au cours des six prochains mois, le PAM a besoin d’urgence de plus de 68 millions de dollars. « Sans financement immédiat, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ne fera qu’augmenter pour des millions de personnes », a mis en garde M. Phiri.