Qui était Abdelkrim le Touareg, chef djihadiste tué par l’armée française?

Le ministère de la Défense a annoncé la mort de quatre terroristes lors d’une opération menée au nord du Mali par les forces spéciales françaises. Parmi eux, Abderkrim el-Targui, le chef de la katiba Al-Ansar d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué les assassinats de deux journalistes de RFI.

Les forces françaises étaient sur ses traces depuis 2013. Il était l’un des djihadistes les plus traqués au Sahel. Membre d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) depuis la fin des années 2000, “Abdelkrim al-Targui” (singulier de “Touareg”, en arabe) était le commanditaire du rapt de Philippe Verdon, abattu d’une balle dans la tête, au printemps 2013, enlevé en même temps que Serge Lazarevic, un autre Français libéré, lui, en décembre 2014. Abdelkrim avait également revendiqué lerapt, puis l’assassinat, le 2 novembre 2013, de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI, à Kidal (nord-est du Mali).

Deux touareg à la tête de brigades d’Aqmi

Agé d’une quarantaine d’annéess, Hamada Ag Hama, de son vrai nom, était un personnage à part dans la galaxie d’Aqmi. Ce touareg malien était à la tête de la katiba (brigade) Al-Ansar (les Soutiens) d’Aqmi. Ce groupe opère dans la zone de Tessalit, dans l’extrême nord-est du Mali. Un autre Touareg, Sidan ag Hitta, commande la katiba Youssef Ibn Tachfin, l’un des quatre brigades d’Aqmi actives au Sahara central et au Sahel.

Originaire de la région de Kidal, Abdelkrim, de lignée noble, était le neveu d’Iyad Ag Ghali, l’ancien chef charismatique de la rébellion touareg des années 1990, converti depuis au salafisme et fondateur, en 2012, d’Ansar ed-Dine, un groupe allié à Aqmi. Hamada Ag Hama était également apparenté à une prestigieuse lignée de savants religieux. Ce qui lui valait son autre surnom, Taleb, “l’étudiant” en sciences coraniques.

Mainmise sur le “business” des otages

Mais, en rupture avec son milieu traditionnel, cet homme brutal avait basculé dans l’islamisme radical. Il avait tout d’abord prêché le djihad dans les campements nomades, pour enrôler de jeunes Touareg et Arabes désoeuvrés.

Puis il était devenu le lieutenant d’Abou Zeid, l’un des émirs d’Aqmi au Sahara (tué en février 2013, durant l’opération Serval). En juin 2010, sa katiba avait tendu une embuscade fatale à 11 gendarmes algériens, près du poste-frontière algéro-malien de Tinzawaten. En septembre de la même année, Hamada ag Hama avait assassiné Michel Germaneau, un otage français, “en représailles” d’une attaque conjointe des forces mauritaniennes et françaises contre Aqmi. Deux ans plus tard, lors de l’occupation du nord du Mali par des groupes armés, Abdelkrim/Hamada s’était imposé comme le principal intermédiaire entre Aqmi et le groupe Ansar ed-Dine, commandé par son oncle. Il avait alors resserré sa mainmise sur le sinistre “business” des otages.

Le fait qu’Abdelkrim ait été tué en même temps qu’un membre d’Ansar ed-Dine, le groupe commandé par son oncle, apporte une certitude : Aqmi et Ansar ed-Dine continuent d’opérer conjointement dans la région. Et ces deux groupes sont plus que jamais dans le viseur des forces françaises.