Pourquoi la Roumanie est si importante pour l’OTAN

L’OTAN construit actuellement en Roumanie la plus grande base militaire d’Europe, près de la frontière avec l’Ukraine et non loin de la mer Noire. Cette base vise à transformer considérablement l’infrastructure de l’OTAN.

La Roumanie, flanc sud-est de l’OTAN avec un accès à la mer Noire, revêt une importance stratégique particulière pour l’Alliance. D’importants investissements ont été réalisés : la plus grande base de l’OTAN en Europe y est actuellement en construction. Avec un président qui s’écarterait d’un alignement inconditionnel avec l’Occident, ce projet pourrait être compromis.

Une ville militaire sur la mer Noire

À 100 kilomètres de la frontière ukrainienne et directement sur la mer Noire, la plus grande base militaire jamais construite par l’OTAN est en cours d’aménagement sur l’aéroport régional de Constanța. Bientôt, 10 000 soldats y seront stationnés – des forces terrestres, aériennes et maritimes. Les travaux ont commencé en mars 2024.

La presse conformiste allemande a rapporté cet été des informations sur le projet, à une époque où personne n’imaginait que la Roumanie, depuis son adhésion à l’OTAN en 2004, devenue un refuge politiquement stable et sûr pour les États-Unis, pourrait soudainement tomber sous l’influence de forces politiques critiques à l’endroit de l’OTAN :

«L’OTAN souhaite renforcer le flanc oriental de l’alliance de défense en Roumanie orientale. Ce site est d’importance stratégique : proche de l’Ukraine et à seulement 15 kilomètres de la mer Noire, que la Russie revendique comme sienne. L’OTAN a négligé la région pendant des années, mais depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, elle s’est lancée dans un réarmement massif. Depuis l’invasion totale de l’Ukraine, son importance n’a jamais été aussi grande».

L’aéroport, situé près de la ville de Constanța, possède déjà une section militaire utilisée par l’armée roumaine et ses alliés de l’OTAN. Au cours des vingt prochaines années, la base aérienne «Mihail Kogălniceanu» sera considérablement agrandie et modernisée. L’objectif est d’étendre la base sur 3000 hectares, soit environ dix fois la superficie du Tempelhofer Feld à Berlin, et de surpasser même la grande base de Ramstein en Rhénanie-Palatinat.
Un investissement colossal de l’OTAN

Le projet coûtera 2,5 milliards d’euros à l’OTAN, et l’expansion progressive de la base devrait durer vingt ans. Une véritable «ville militaire», une «ville OTAN», est prévue : avec des écoles, des crèches, des magasins et un hôpital. Les familles des soldats y vivront également. Sur le plan technique, des pistes de décollage et d’atterrissage, des voies de circulation et des hangars pour le matériel militaire sont prévus. Des dépôts de munitions, de carburant et des espaces de stockage pour les technologies sont également planifiés.

Balkan Insights a rapporté au début du projet :

«La nouvelle base donnera à la Roumanie un rôle accru dans l’architecture de sécurité de l’OTAN et une position renforcée en mer Noire, actuellement dominée militairement par la Russie».

Un regard sur l’exercice «Steadfast Defender 2024» de l’alliance militaire montre à quel point la Roumanie est devenue importante pour l’OTAN. Une partie clé de cet exercice, également dirigé par l’Allemagne, consistait à transférer des troupes prêtes au combat en Roumanie. De plus, le pays voisin, la Moldavie – petit État encore neutre – se situe entre l’OTAN et l’Ukraine. Les tensions en Moldavie et en Transnistrie ont continué à s’intensifier. La direction politique moldave cherche un rapprochement avec l’UE et l’OTAN, contrairement à l’opposition.
Une rupture possible de la Roumanie avec l’OTAN

Une rupture radicale de la Roumanie avec la ligne de l’OTAN – et Calin Georgescu-Roegen avait annoncé une telle démarche avant que les élections ne soient annulées – serait difficilement acceptable pour Washington.