Après une mini-tournée dans la sous-région, au sujet du coup d’État au Niger, l’Algérie a pris, mardi 29 août, l’initiative de proposer un plan de sortie de crise en six points qui passe notamment par une transition de six mois au Niger. Quelles sont les premières réactions au sein de la Cédéao ?
À Abuja, siège de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le plan algérien de sortie de crise de Niamey était connu depuis quelques jours. Il est à l’étude, mais nous, notre position « claire », l’option « intervention militaire » est toujours sur la table, explique un diplomate.
Même son de cloche dans une partie de l’entourage du président nigérian Bola Tinubu. Le président veut bien ne pas intervenir militairement, mais il faut des résultats très encourageants et rapidement, explique un membre de la cellule du palais présidentiel qui s’occupe des affaires de la Cédéao.
Des réserves face à l’initiative
Au moins deux autres pays de l’organisation sous-régionale sont pour le moment très réservés face à l’initiative algérienne. Un de nos interlocuteurs estime qu’il ne faut pas se disperser en ces moments décisifs. Alger propose un plan en six chapitres. Si le schéma en question exclut l’intervention militaire, il commence par condamner le coup d’État survenu à Niamey.
Une conférence internationale ainsi que des assises politiques inclusives au Niger, dirigées par une autorité civile, figurent également dans ce plan qui propose une transition de six mois.
Au Niger, «nous nous rapprochons rapidement du moment où on risque vraiment d’aller en rupture de stocks humanitaires»
Au Niger, cela fait plus d’un mois que les putschistes ont renversé le président Mohamed Bazoum. Parmi les réponses notamment de la Cédéao : des sanctions telles que l’interdiction d’approvisionner le pays. Sauf que cet embargo s’applique également aux biens de première nécessité utilisés par les organisations humanitaires pour venir en aide aux populations les plus fragiles. L’International rescue comitee (IRC) et une quarantaine d’autres associations lancent donc un appel à la communauté internationale pour obtenir la création d’un corridor humanitaire.
Pour Paolo Cernuschi, directeur au Niger de l’IRC, joint par Gwendal Lavina, il est urgent d’agir : « Les frontières du Niger sont actuellement fermées. Donc les médicaments et les suppléments nutritionnels pour les enfants, et tous les autres biens pour la réponse humanitaire sont bloqués à l’extérieur du pays et ils n’arrivent à cause de cette fermeture des frontières. Selon certaines estimations faites avec les autres organisations humanitaires, les stocks disponibles dans le pays au moment de la fermeture des frontières étaient suffisants pour couvrir entre deux et trois mois de réponse humanitaire. Donc, avec le temps qu’il faut pour ravitailler les stocks disponibles, nous nous rapprochons rapidement du moment où on risque vraiment d’aller en rupture de stocks, et donc empêcher l’assistance alimentaire, le soutien nutritionnel, les cliniques mobiles, et toutes les autres activités qui sont en train d’être menées au Niger ».