Le Parquet national antiterroriste a ouvert une enquête préliminaire pour enlèvement en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste.
Il avait disparu depuis plusieurs semaines, au Mali. Le journaliste français indépendant Olivier Dubois, qui travaille habituellement pour Le Point Afrique et Libération, serait en vie mais désormais aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), branche locale d’Al-Qaida. C’est, en tout cas, ce qu’il affirme dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dans la nuit du 4 au 5 mai, et dans laquelle il appelle à l’aide les autorités françaises.
Une enquête préliminaire pour enlèvement en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste a été ouverte ce mercredi en France par le Parquet national antiterroriste, selon les informations du Monde.
Info @lemonde. Enlèvement du journaliste Olivier Dubois au Sahel. Une enquête preliminaire pour enlèvement en bande… https://t.co/uh1mqb4Jrk
— elise_vincent (@Elise Vincent)
Dans la vidéo, Olivier Dubois affirme avoir été enlevé, le 8 avril, à Gao, dans le nord du Mali. Selon nos informations, il devait interviewer un cadre du GSIM. La vidéo diffusée est en cours d’authentification.
« Nous confirmons la disparition au Mali d’Olivier Dubois. Nous sommes en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Nous procédons aux vérifications techniques d’usage », affirme le Quai d’Orsay, ce mercredi. « Je veux immédiatement adresser mes pensées à lui, à ses proches et à l’ensemble des rédactions avec lesquelles il a l’habitude de travailler », a ensuite réagi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
« Olivier se retrouve aujourd’hui de l’autre côté du miroir, lui-même captif », a écrit sur son site Libération, pour lequel il travaillait régulièrement depuis avril 2020. De son côté, Reporters sans frontières (RSF), par la voix d’Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique, souligne que « c’est un coup extrêmement dur porté au journalisme. Les groupes armés continuent à avancer, mais le journalisme et l’information reculent. Plus d’une semaine après l’assassinat des deux journalistes espagnols au Burkina Faso et huit ans après l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon [dans le] nord du Mali, l’enlèvement d’Olivier Dubois montre qu’il est toujours aussi difficile et dangereux de couvrir cette région du monde ».
« Nous avons été informés deux jours après sa disparition. En concertation avec les rédactions qui l’emploient habituellement, nous avons pris la décision de ne pas rendre publique cette prise d’otage, afin de ne pas entraver une éventuelle issue positive rapide », a ajouté sur Twitter le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, en demandant aux autorités maliennes et françaises de « tout mettre en œuvre pour obtenir sa libération ».
Premier otage français depuis octobre 2020
Il n’y avait plus d’otage français dans le monde depuis la libération en octobre 2020 de Sophie Pétronin, une septuagénaire enlevée près de quatre ans plus tôt, par des hommes armés à Gao également, où elle vivait et dirigeait, depuis des années, une organisation d’aide à l’enfance.
Mme Pétronin avait été libérée en même temps que l’homme politique malien Soumaïla Cissé, mort depuis, et que deux Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli, également enlevés par des djihadistes. Malgré des conjectures persistantes, le gouvernement malien n’a jamais confirmé le paiement d’une rançon, en plus de la libération de 200 prisonniers, dont un certain nombre de djihadistes, contre la liberté de ces quatre otages.
En octobre 2020, la Suisse avait été informée que le GSIM avait exécuté Béatrice Stöckli, une missionnaire évangélique, qui avait été enlevée en janvier 2016 à Tombouctou. En mars, le ministère suisse des affaires étrangères avait précisé que son corps avait pu être retrouvé et formellement identifié.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du Nord, qui a plongé le pays dans une crise sécuritaire et s’est étendue au centre du pays. Les violences se sont également propagées au Burkina Faso et au Niger voisins. Les violences – djihadistes, intercommunautaires ou autres – ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de personnes déplacées, malgré l’intervention des forces de l’ONU, française et africaine.