Le chef de l’ONU et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont condamné l’attaque perpétrée par des assaillants armés à Toumour, une localité du sud-est du Niger, qui a tué 28 personnes et en a blessé des centaines d’autres.
« Le HCR est gravement préoccupé par la sécurité de plus de 30.000 réfugiés et personnes déplacées internes qui ont trouvé refuge à Toumour », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Babar Baloch, porte-parole de l’agence onusienne.
Dans la nuit du 12 au 13 décembre, la ville de Toumour situé à 75 kilomètres à l’est de Diffa a été l’objet d’une attaque armée revendiquée par Boko Haram. Au cours de cette attaque qui a ciblé des populations civiles, la plupart des habitants ont fui vers la brousse, certains ne revenant que le lendemain dans la journée.
« Selon des sources locales, les assaillants ont détruit près des deux tiers des maisons de la ville, incendié le marché de Toumour et tué plus d’un millier de bovins », a précisé M. Baloch.
Toumour, situé à 14 kilomètres de la frontière avec le Nigéria, abrite 20.000 réfugiés nigérians, plus de 8.000 déplacés internes et 3.600 rapatriés nigériens qui ont encore besoin d’une aide humanitaire.
Selon le HCR, des civils se déplaçaient dès hier lundi de Toumour vers Diffa, une ville située à une centaine de kilomètres. La région de Diffa abrite, selon l’ONU, 46.000 réfugiés nigérians et déplacés nigériens, fuyant depuis 2015 les exactions des groupes armés.
Le chef de l’ONU a également condamné une attaque barbare
En collaboration avec ses partenaires humanitaires et les autorités locales, le HCR organise des abris d’urgence, de la nourriture, de l’eau et un soutien sanitaire aux communautés touchées. « Cependant, les récentes inondations ont rendu difficile l’accès des travailleurs humanitaires à Toumour », a fait valoir M. Baloch.
A noter que ce massacre est survenu au moment des élections municipales et régionales au Niger et à moins de deux semaines du scrutin présidentiel du 27 décembre, qui verra le chef d’Etat sortant Mahamadou Issoufou quitter le pouvoir après deux mandats.
Le Secrétaire général de l’ONU a condamné fermement hier l’attaque perpétrée par des hommes armés non identifiés dans la région de Diffa. António Guterres a regretté que cette attaque barbare ait perturbé le déroulement pacifique des élections municipales et régionales dans la région.
Par la voix de son porte-parole, il a réitéré l’engagement des Nations Unies à « soutenir les efforts nationaux visant à consolider la gouvernance démocratique, à promouvoir la cohésion sociale et à parvenir à un développement durable ».
La région de Diffa, dans le sud-est du Niger, a été durement touchée par la montée de la violence extrémiste dans le bassin du lac Tchad, qui a contraint des centaines de milliers de personnes à s’installer dans la région. Au cours des neuf premiers mois de cette année, « plus de 450 actes de meurtres, d’enlèvements, de violences sexuelles et sexistes et d’autres incidents graves ont été signalés ».
Plus de 265.000 réfugiés, déplacés et rapatriés à Diffa
Face à cette situation, le HCR et ses partenaires fournissent actuellement une protection et une aide humanitaire à plus de 265.000 personnes déplacées de force, dont près de 130.000 réfugiés nigérians, plus de 100.000 déplacés nigériens et plus de 34.000 rapatriés dans la région de Diffa.
Mais selon l’agence onusienne, la pandémie de Covid-19 complique encore la réponse humanitaire « car la plupart des personnes déplacées s’abritent dans des zones urbaines surpeuplées où la distanciation sociale est impossible ».
Par ailleurs, malgré une insécurité accrue, le Niger continue de faire preuve de générosité envers les personnes qui fuient la violence dans les régions du lac Tchad et du Sahel.
Pour le HCR, le renforcement des capacités dans l’ensemble du Sahel et du bassin du Lac Tchad reste essentiel pour relever rapidement les défis dans la région afin de répondre aux mouvements de population grâce à des initiatives telles que le processus de Bamako et la Déclaration d’action d’Abuja, lancée en 2019.
L’agence onusienne appelle également à un soutien financier accru pour assurer une réponse globale aux urgences humanitaires dans le bassin du lac Tchad, où vivent 300.000 réfugiés et 2,9 millions déplacés internes. Au début du mois de décembre, seule la moitié des 126 millions de dollars nécessaires pour la région avait été financée.