La question du dialogue avec les groupes terroristes a été l’un des sujets de désaccord entre le Premier ministre Moctar Ouane et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui achevait une visite de 48 heures dans notre pays. Alors que Paris oppose son refus à un éventuel dialogue avec les groupes terroristes, le chef du gouvernement estime qu’il faut plutôt voir en cette possibilité de dialogue » une opportunité d’engager une vaste discussion avec les communautés afin de définir les contours d’une nouvelle gouvernance des espaces « .
L’un des enjeux de cette première visite du chef de la diplomatie française dans notre pays, depuis la chute du régime d’IBK, était d’aborder avec les nouvelles autorités les questions de paix et de sécurité. Mais également de relancer la dynamique engagée aux sommets de Pau et de Nouakchott notamment dans la lutte contre le terrorisme.
D’autant plus que non seulement des voix se font entendre pour un possible dialogue avec les groupes terroristes, mais la libération de plusieurs dizaines de terroristes (206) en échange de celles de Soumaila Cissé, de l’humanitaire française Sophie Pétronin et de deux Italiens, continue à faire grincer des dents dans plusieurs milieux.
Ainsi, à l’issue de la conférence de presse d’hier lundi à la primature, le ministre français des Affaires étrangères a levé toute équivoque quant à la position de la France sur une possible offre de dialogue avec les groupes extrémistes. » Disons les choses très clairement : il y a les accords de paix et puis il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix. Les choses sont simples » a déclaré Jean Yves -Le Drian. Ajoutant que cette position réaffirmée par la France est également partagée par la communauté internationale dont » le G5 Sahel et le Conseil de sécurité ».
De son côté, le premier ministre Moctar Ouane a mis en avant les recommandations du Dialogue national inclusif (DNI) relatives à l’ouverture de négociations avec les chefs terroristes maliens notamment Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa, responsables de l’une des plus grandes entités terroristes sahéliennes à savoir le GSIM.
» Le dialogue national inclusif a très clairement indiqué la nécessité d’une offre de dialogue avec les groupes armés djihadistes » a déclaré Moctar Ouane. Précisant que » cela va nécessiter un séquençage et une coordination avec nos partenaires, notamment ceux qui interviennent sur le plan militaire « .
Au-delà de nos frontières, cette offre de dialogue avec les groupes terroristes suscite toujours des débats. Le commissaire de l’Union africaine à la paix, Smaïl Chergui, a récemment indiqué » qu’il convient désormais d’explorer la voie du dialogue avec les extrémistes « . Début octobre, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit favorable à cette approche dans une interview au journal Le Monde. » Il y aura des groupes avec lesquels on pourra parler, et qui auront intérêt à s’engager dans ce dialogue pour devenir des acteurs politiques dans le futur. Mais il reste ceux dont le radicalisme terroriste est tel qu’il n’y a rien à faire avec eux « . Sans renoncer à la lutte armée contre les groupes terroristes, il appartient au gouvernement de trouver une posture lui permettant d’être en phase avec la France, un partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme et qui a renforcé sa présence au Sahel à l’issue du sommet de Pau avec quelque 5 100 militaires.