Le bimensuel la Lettre confidentielle du Mali, en collaboration avec Caïlcédrat GROUP Think Tank indépendant et panafricain, a organisé, hier jeudi, deux panels sur le Sahel. Il ressort des interventions qu’environ 80 personnes ont été faites prisonnières par des groupes terroristes entre 2003 et 2020 dans le Sahel. Contre leur libération, plus de 24 milliards de FCFA auraient été payés comme rançon. Une manne qui contribue d’ailleurs à alimenter le réseau terroriste.
‘’Le Sahel et ses otages’’ et ‘’faut-il payer des rançons aux ravisseurs ?’’ étaient les thèmes au cœur des deux panels de la rencontre initiée par Lettre confidentielle du Mali de notre confrère Serge DANIEL. Elle était organisée en collaboration avec Caïlcédrat GROUP Think Tank indépendant et panafricain. Le panel intitulé : ‘’le sahel et ses otages’’ étaient animés par l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye MAIGA ; l’ancien ambassadeur du Mali Mohamed Mahmoud El OUMRANY ; les journalistes Isselmou SAHILI de la Mauritanie et Ibrahim DIALLO du Niger.
Depuis quelques années, ont relevé des panélistes, les prises d’otages sont très fréquentes dans le Sahel. Elles sont devenues l’une des activités majeures des groupes terroristes pour gagner en notoriété, en confiance et se renforcer en ressources humaines et financières. En effet, selon les chiffres des experts, environ 80 personnes ont été enlevées et 24 milliards de FCFA ont été payés comme rançon entre 2003 et 2020 dans le Sahel. Ces chiffres alarmants attestent combien les prises d’otages sont un business lucratif pour les terroristes. Seulement pour avoir les nouvelles des deux Italiens qui ont été libérés en même temps que de Soumaila CISSE, il a été payé à leurs ravisseurs 60 millions de FCFA.
Cette pratique perdure dans le Sahel parce que les présences de nos États sont faibles sur une partie de leur territoire, ont-ils indiqué. La preuve pour Soumeylou Boubèye MAIGA, une très grande partie du territoire malien échappe au contrôle du pouvoir central. La nature ayant honneur du vide, les groupes terroristes en font leur terrain de chasse et d’implantation. Sur ces zones, ils règnent en maître. L’une des alternatives soutenues par l’ancien Premier ministre est de changer le mode de gouvernance dans le pays. L’État doit prendre le contrôle du développement en assurant que les services sociaux de base soient accessibles pour tous.
Quant à l’ancien ambassadeur du Mali, Mohamed Mahmoud El OUMRANY, il a aussi alerté sur les conséquences de cette situation dans le Sahel et particulièrement au Mali. « Le Mali est passe de devenir le marché des otages. Cela est très inquiétant », prévient-il.
Mais faut-il discuter pour avoir la libération d’otages ? Le journaliste mauritanien, Isselmou SAHILI répond par l’affirmatif : « Il faut discuter avec les ravisseurs pour obtenir la libération des otages parce que l’expérience a montré que l’usage de la force a tourné souvent au drame. Il y a la méthode de négocier ».
Mais sur la problématique de paiement des rançons, les panellistes sont divisés. Si le Mauritanien est pour, elle est rejetée par le journaliste nigérien. Pour ce dernier, le paiement des rançons contre la libération des otages a permis de faire prospérer cette activité. À cause de cette pratique, selon lui, des groupes terroristes arrivent à s’équiper, à se renforcer pour déstabiliser nos pays.