Mali : la suspension d’activités d’ONG que Paris finance inquiète

La décision risque d’avoir de graves conséquences sur la population selon des dizaines de Maliens employés dans ces ONG qui montent au créneau.

“C’est le principe de réciprocité qui s’est appliqué” selon Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission défense et sécurité au sein du Conseil national de la transition. Il poursuit en expliquant que cette interdiction est la conséquence de la récente décision de la France de suspendre l’aide au développement destinée au Mali.

L’inquiétude face à la réponse malienne

La suspension de l’aide au développement avait été prise suite ” à l’attitude de la junte malienne , alliée aux mercenaires russes de Wagner”, peut-on lire dans le communiqué du ministère français des Affaires étrangères.

La décision est donc actée mais les conséquences risquent d’être énormes, comme l’explique Yacouba Soumahoro qui travaille pour ADéKA, l’Association pour le développement et l’entraide du village de Kouniandji, une ONG humanitaire et caritative basée dans l’ouest du Mali.  

Celle-ci recevait de l’aide par le biais d’autres ONG directement affiliées à la France. 

“Est-ce qu’ils ont mûrement réfléchi avant de prendre cette mesure ? C’est bien l’effet du populisme, de la propagande, mais à un certain niveau, il va falloir s’arrêter et faire face aux défis réels. J’ai une famille de quatre personnes et madame, sans compter les frères et sœurs qui, de temps en temps, me sollicitent pour pourvoir à leurs besoins”, s’inquiète Yacouba Soumahoro.

Celui-ci s’inquiète du sort de la population que son ONG aidait car, dit-il, “elle risque de se retrouver exposée au manque de services de base comme c’est le cas dans plusieurs régions du Mali où l’absence de l’Etat est dramatique”.

“Il faut accompagner la population”

Cependant, une partie de l’opinion malienne a critiqué la décision prise par la France de suspendre son aide au développement avec les conséquences directes que cela représente sur la population. 

Mais si les autorités de Bamako ont appliqué le principe de réciprocité, Mahamane Mariko, un juriste malien, estime que “les autorités maliennes doivent maintenant essayer quand-même d’accompagner financièrement, psychologiquement, techniquement ces milliers de personnes qui sont employées par ces différentes ONG”.

Selon Coordination Sud, un collectif d’ONG françaises de solidarité internationale, l’arrêt de l’aide au développement française remet en cause près de 70 projets en cours ou prévus dans ce pays dans les prochaines années.