Entre six et huit personnes, dont plusieurs enfants, ont été tuées mardi (07.11) par des frappes dans le nord du Mali.
” C’est à 7h30 ce matin qu’on a entendu la première frappe de drone. Nous avons appris qu’il y a eu huit morts parmi lesquels on dénombre des enfants”, confie un habitant de Kidal qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.
” Il y a eu d’autres frappes qui ont fait d’autres victimes parmi les chefs de fraction (responsables d’une tribu), mais la situation de la ville reste la même, les gens continuent à vaquer à leurs occupations et ce malgré la peur et malgré les drones qui continuent à faire des victimes”, précise-t-il.
Certaines écoles sont ouvertes
Mohamed Touré est enseignant à l’école franco-arabe de Kidal. Depuis sa classe, il nous explique que son école est ouverte mais ce n’est pas le cas pour d’autres établissements de la ville.
“Concernant les écoles de la ville, je n’ai pas vraiment d’idée sur leur fonctionnement mais en ce qui concerne notre école, l’école franco-arabe, les enfants viennent même si cela n’est pas régulier. Il y a l’inquiétude qui règne, les gens ont peur. Il y a des écoles qui fonctionnent, d’autres qui ne fonctionnent pas normalement “, témoigne l’enseignant.
Une crise multidimensionnelle
Au moins une des frappes aurait touché le camp occupé jusqu’à récemment par la mission de l’Onu, la Minusma.
Kidal est le fief des anciens rebelles touaregs, signataires de l’accord de paix d’Alger en 2015, et ceux-ci s’opposent au retour de l’armée malienne dans cette ville.
Les FAMa, soutenus par les mercenaires russes de Wagner, se rapprochent toutefois de Kidal pour prendre le contrôle de l’ancienne base de la Minusma.
Des enfants victimes
Face à la renaissance de ce conflit, mais aussi l’expansion des groupes djihadistes, l’activiste des droits humains Coumba Bah témoigne des souffrances que subit la population.
“La situation particulière des enfants reste préoccupante parce qu’à cause de leur âge, de leur vulnérabilité, ce sont des traumatismes qui risquent de rester pendant toute une vie. C’est vraiment triste parce que pour Kidal, il s’agit d’un conflit inter-malien, on sait que depuis plusieurs années, on parle de milliers d’écoles, 1.500 écoles fermées. Mais nous savons aussi qu’à cause des négociations avec les terroristes, les écoles sont ouvertes dans des conditions difficiles,” explique-t-elle à la Deutsche Welle.
Le problème du blocus
Fatoumata Maiga est membre de l’Association des femmes pour les initiatives de paix. Elle est originaire de Gao et déplore l’insécurité liée aux groupes djihadistes qui ont imposé récemment le blocus de certaines villes plus au sud, dans la région des trois frontières.
” Pourquoi les groupes armés ont imposé des blocus ? Pourquoi imposer la faim, la soif, la honte et l’humiliation à ses propres parents ? Les enfants ne vont pas à l’école, les enfants sont engagés dans la crise. Il y a beaucoup d’enfants soldats, il y a beaucoup d’enfants qui ont été contraints de prendre les armes. Ce sont des situations qui sont terrifiantes pour les communautés, mais surtout pour les femmes” précise Fatoumata Maiga.
Les séparatistes touaregs s’opposent à ce que l’armée malienne reprenne les camps de la Minusma, notamment celui situé à l’entrée de Kidal. Ceci va à l’encontre, selon eux, de l’accord signé 2015 quand, après s’être soulevés en 2012, ils avaient accepté de faire la paix.