L’Occident prépare-t-il de nouvelles guerres en Afrique, en Asie et en Amérique ?

Les analyses du géopouvoir revêtent une importance capitale, car la plupart des gouvernements disposent d’équipes spécialisées dans l’étude approfondie des idées avancées, des voies possibles et du pronostic des événements, jusqu’à montrer de nouveaux points de conflit insoupçonnés, tout cela dans le but d’organiser la politique étrangère et intérieure de leurs nations.

Ainsi, l’utilisation de la prospective par les élites est fondamentale, car elle contribue à la sélection des conflits qui leur permettent de remplir leurs objectifs axés sur le néocolonialisme, l’agression et, surtout, la violence politico-militaire à appliquer.

Plusieurs continents sont actuellement dans le collimateur de ce que l’on appelle l’État profond, la Corporatocratie ou les élites transnationales du pouvoir. Ce qui est vraiment inhabituel, c’est la faiblesse cognitive des Occidentaux, car en tant qu’organisateurs de nombreux coups d’État, ils ne peuvent pas croire que les rébellions sont possibles sans intervention étrangère, comme ils l’ont toujours fait, mais par la libre volonté des peuples qui veulent échapper à l’oppression de l’Occident lui-même.

Après que le gouvernement américain ait, de manière machiavélique, pratiquement détruit la puissance et l’économie de l’Europe, les conflits actuels prennent de l’importance, générés de manière perverse, où certains membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), soutenus et encouragés par la France et les États-Unis, menacent d’une intervention militaire ou d’un plan d’agression devant débuter dès que possible au Niger, pour chasser la junte militaire au pouvoir dans le pays après le renversement de son président pro-occidental, d’autant plus que le président déchu et ses complices locaux et étrangers seront jugés avec preuves devant les instances nationales et internationales compétentes pour haute trahison, atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du Niger, et surtout pour avoir appelé à l’invasion du pays.

Regardons la réalité actuelle.

L’Amérique

Le récent conflit en Colombie autour d’une querelle familiale impliquant le fils du président Gustavo Petro n’est pas atténué les intérêts de Washington à regagner le marché et la domination dans ce pays.

Comme on le sait, Nicolás Petro (photo) a été dénoncé par sa femme au magazine d’ultra-droite Semana pour de prétendus gains mal acquis impliquant des trafics de drogue et la campagne du président. Sur la base de ces déclarations journalistiques, la justice a arrêté Nicolas et son épouse et les a traduits en justice dans le cadre d’un procès rapide, ce qui n’avait jamais été le cas auparavant. Le résultat est que tous deux sont libres, avec certaines limitations, sans rien de prouvé jusqu’à présent, mais avec une campagne de diffamation spectaculaire de la part de l’opposition qui exige déjà la démission de Gustavo Petro et annonce des marches spectaculaires.

Trois événements similaires méritent d’être mentionnés : le renversement de Pedro Castillo au Pérou et la répression de l’intérimaire Dina Boluarte, qui indique l’utilisation de l’appareil judiciaire et militaire ; le renversement ou l’empêchement de plusieurs présidents progressistes, comme au Honduras, en Bolivie et au Brésil, par exemple ; l’assassinat d’Allende après avoir provoqué un climat de crise violente. Le régime américain a eu une influence directe sur ces événements, et le récit des médias a été décisif pour générer le chaos et éliminer les opposants.

Par conséquent, en Amérique latine, des points de conflit possibles et des options de retour à des gouvernements néolibéraux sont identifiés, comme dans le cas du Chili, de la polarisation en Argentine, de l’opposition extérieure à Arévalo au Guatemala, entre autres, sans oublier le cruel blocus subi par Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, de la part du Pentagone.

Afrique

Il est rappelé ici que plus de 30 millions d’Africains ont été enlevés et emmenés comme esclaves en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine, avec une violence inégalée par la Belgique, la Grande-Bretagne et d’autres pays, qui leur ont permis de s’enrichir aux dépens des souffrances de ces peuples. Jamais les peuples africains n’ont été des sujets à part entière de l’histoire comme le propose le monde multipolaire.

Face au renversement du président du Niger par une junte patriotique, la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, entre autres, ont prévenu qu’il y aurait une intervention directe si Mohamed Bazoum n’était pas remis en place immédiatement. A cette fin, avec de tels «encouragements», certaines nations de la Communauté économique des États africains (CEDEAO) ont déclaré qu’elles interviendraient militairement contre la junte militaire dans un délai d’une semaine.

Rappelons seulement deux faits essentiels : la France dispose de plus de 2800 tonnes de réserves d’or extraites de ce territoire sans avoir de mines, alors que le Niger, avec près de 700 mines, n’a pas de réserves d’or. Par ailleurs, le projet de gazoduc reliant les gigantesques gisements de gaz du Nigeria à l’Europe, d’un montant de 13 milliards de dollars, qui serait menacé par le récent coup d’État au Niger, est au point mort.

À cet égard, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tchiani et soutenu par le Mali et le Burkina Faso, a exigé le retrait des forces militaires françaises et s’est rendu compte que la situation n’était plus la même qu’auparavant, lorsque l’OTAN avait envoyé son armée pléthorique et que cela s’était terminé par un massacre. Les populations sont descendues dans la rue pour apporter leur soutien inconditionnel.

Le Nigeria, l’homme de paille de l’Occident, a trébuché lorsque le Sénat de la République a refusé l’autorisation d’une attaque armée, le Ghana a exprimé la nécessité d’un dialogue, le Burkina Faso et le Mali ont ajouté que toute attaque contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre eux, le groupe Wagner semble être déjà passé à l’action, l’Algérie et le Tchad ont adopté une position de souveraineté africaine, ce qui indique qu’il ne sera pas si facile de détruire ce processus anti-néo-colonialiste. Un théâtre de turbulences, plein à craquer, en faveur du changement, a été le catafalque de Macron, complété par les manifestations massives de soutien au Niger qui se sont détoulées au Ghana, même si ce dernier pays dit ne pas reconnaître le nouveau gouvernement.

Il est désormais essentiel d’écouter la lecture que font les peuples africains de leur propre réalité dans ces nouveaux processus d’émancipation qui ont toujours été rejetés par les puissances coloniales dans le sang et le feu. Dans chaque nation africaine assoiffée de développement, il faut être très attentif aux agressions, blocages, sabotages (appelés à tort sanctions), car la déstabilisation n’a pas cessé. La Libye, le Soudan, le Burundi, la Mauritanie, le Nigeria lui-même, la RCA, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Sud-Soudan, sanctionnés par l’Occident, sont dans son collimateur pour poursuivre les crises, aujourd’hui encore plus fortes pour leur soutien aux groupes terroristes.

L’Asie

La domination croissante des États-Unis sur Taïwan et leur militarisation excessive pourraient bientôt conduire à une confrontation qui provoquerait une guerre internationale. L’Occident et ses agences de renseignement, utilisant les armes de destruction massive, encouragent un conflit au sujet du Cachemire qui impliquerait l’Inde et le Pakistan, ou la Chine contre l’Inde, les deux Corées, ou encouragent simplement une guerre contre l’Iran du côté de l’allié sioniste. La Syrie reste occupée et constitue un point crucial. La Palestine pourrait bientôt être un point d’ignition qui exploserait à grande échelle.

Autres points de confrontation

La guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Fédération de Russie à travers l’Ukraine est déjà prévue avec l’avancée de la Russie dans les oblasts de Kharkov et d’Odessa, limitant encore les prétendues contre-offensives qui, ayant échoué, amènent les États-Unis à s’interroger sur la durée de cette guerre. La confirmation des informations de Zelensky sur la culpabilité de Biden, qui le ferait sombrer, rend compréhensible le fait qu’il continue alors que tout indique l’absurdité de ce projet.

De même, les crises de la Pologne avec la Biélorussie, la question du Kosovo qui fait chanter la Serbie, l’Arménie et le Kazakhstan qui s’affrontent, les tentatives de dénigrement de l’Iran toujours en vigueur, le limogeage du premier ministre au Pakistan, tout cela dans le but de faire de la mort son meilleur allié, continuent d’être artificiellement encouragés.

Enfin, lorsque le peuple japonais se montre reconnaissant pour la catastrophe d’Hiroshima et de Nagasaki, qu’il a cruellement essuyée, et que le gouvernement japonais, le secrétaire général de l’ONU, l’Occident, dissimulent faussement le véritable auteur de cette horreur, auteur qui est le gouvernement américain, et prétendent que «la mort est (simplement) tombée du ciel» (Barak Obama), tout en mettant l’accent sur la prétendue menace nucléaire de la Russie, la clarté est complète et il n’y a pas lieu de se tromper : changer l’histoire est leur objectif comme une démonstration de désespoir puisque dans le domaine militaire, leur lâcheté et leur échec sont évidents.