Le phénomène qui à toujours présidé à la constitution et à l’évolution du terrorisme jihadiste au Maghreb et au Sahel est celui de réseaux de plus en plus lâches, constitués d’une part de branches qui ne sont pas nécessairement organisées, dont on connaît mal l’extension, et qui se sont construites à travers des parcours individuels et des rencontres survenues lors des déplacements…
migratoires, de par le monde et d’autre part des « noeuds » issus de ces rencontres, qui deviennent des cellules organisées de manière flexible.Celles-ci peuvent suivrent des ordres extérieurs ou devenir indépendantes, elles peuvent facilement muter, se multiplier indépendamment d’un centre de commandement, comme celui d’Al-Qaida, tout en restant inspirées par celui-ci (le cas des attentants survenus au Maroc).
Al-Qaida la « base » des militants jihadistes n’est pas forcément territorialisée, ou du moins ne l’est plus aujourd’hui. Suite à l’intervention américaine en Afghanistan à l’automne 2001 après s’être localisée autour du pouvoir des talibans en Afghanistan elle a probablement éclaté dans les fragments qui peuvent s’en réclamer d’une appartenance avec elle comme c’est le cas en Algérie du groupe Salafiste pour la prédiction et le combat (GSPC) le premier a faire allégeance à Ben Laden mettant son réseau Européen en France, en Belgique, en Italie et en Espagne, à la disposition d’Al-Qaida avant de se proclamer au lendemain des attentats d’Algérie, branche d’Al-Qaida pour le Maghreb Islamique que dirige un certain Abdelouadoud.
Traqué par l’armée Algérienne et la répression au Maroc en Tunisie et en Mauritanie, renseigné sur l’initiative transsaharienne contre le terrorisme (TSCTT) qui implique le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, un programme qui fait fond sur l’initiative Pan-Sahel à laquelle sont associés en plus des pays cités l’Algérie, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal, et la Tunisie. Le terrorisme profitant de l’extension du vaste désert du Sahel décide d’investir la partie non contrôlée pour l’utiliser comme camp d’entraînement et rampe de lancement pour ses groupes armés, frapper à l’intérieur des pays du Maghreb et en Europe et chercher de nouvelles zones refuges. C’est à partir de l’année 2004 que la nébuleuse intensifie ses menaces dans le sud algérien, à la frontière avec le Mali et le Niger. Selon des sources crédibles la branche saharienne du GSPC continue de se développer au Sahel recrutant des militants dans les pays où elle s’implante. Mais le GSPC n’est pas le seul mouvement armé à fréquenter le Sahel. En effet des éléments du groupe marocain de la prédication et du combat (GMPC) et une partie du front Islamique marocain (FIM) auraient également rejoins le Sahel.
Des sources crédibles ont confirmé la présence d’Al-Qaida au Mali avec l’arrivée en 2002 de « prédicateurs » pakistanais et Afghans dans les localités de Kidal et Tessalit. Il s’agirait de l’avant garde d’Al-Qaida. L’ancien fief de la rébellion touareg au Mali, l’Adrar des Iforas, et la ville de Kidal semblent être devenus des lieux de rassemblement pour nombre de jihadiste internationaux qui y seraient accueillis par des membres de la secte Dawa. La zone d’El Khalil, situé à 140 Km au Nord de Tassalit serait même devenue une zone de non droit. Au Niger, les Islamistes ont le vent en pompe et ouvrent des écoles religieuses « Madrassas » où les fidèles apprennent l’arabe et les vertus du rigorisme fondamentaliste, des médias se livrent à la propagande. La Radio islamique « bonferey FM » la “voix qui porte loin” est actuellement une station très populaire, le journal Assalam publié en français tient des propos souvent incendiaires.
En Mauritanie et dans les régions limitrophes au Sahara occidental, le front Polisario qui compte encore quelques milliers de combattants est actuellement en plein mutation, ce qui tend à le transformer en un rassemblement incontrôlable. Son idiologie marxiste léniniste est remplacée peu à peu par l’intégrisme islamique apporté par de nouvelles recrues ayant suivi leurs études dans des écoles coranique en Algérie, au Soudan, au Yémen, et en Arabie Saoudite.
Les Talibans afghans satisfaits de l’accord conclu le 5 septembre 2006 avec l’armée pakistanaise, n’étaient pas mécontents de se débarrasser d’Al-Qaida qui rêve de mener « une guerre planétaire », l’idée du Sahel est venue après une profonde exploration. Il faut rappeler que des combattants originaires du Maghreb avaient, depuis les années 80, rejoint les rangs des moujahidines Afghans pour participer à la guerre sainte contre le « mécréant » communiste.
La région du Sahel présente de multiples avantages pour les combattants d’Al-Qaida. La zone est immense, peu peuplée, les frontières ne sont ni matérialisées ni contrôlées. Des conflits qui perdurent, un afflux d’immigrés et un trafic illicite omniprésent contrôlé par de dangereux réseaux mafieux et qui permet aux terroristes de se ravitailler aisément. Les fondamentalistes bénéficient d’une certaine bienveillance des populations musulmanes déshéritées du Sahel, auxquelles ils prodiguent des soins médicaux élémentaires, et offrent des aides alimentaires, occupant donc le vide crée par l’échec des programmes nationaux et internationaux.