Depuis ce lundi 15 mars, le Kenya et la Somalie sont en procès devant la Cour internationale de justice de La Haye. En cause, un litige sur le tracé de leurs frontières maritimes. Une affaire qui mêle nationalisme, intérêts économiques et soupçons d’ingérence.
C’est “une affaire qui a mis à rude épreuve les relations diplomatiques des voisins”, rapporte Al-Jazeera. Depuis lundi 15 mars, la Somalie et le Kenya sont entendus devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. En cause, un différend sur leurs frontières maritimes. Chacun revendique son propre tracé. Pour la Somalie, le tracé de sa frontière sud-est doit se prolonger dans les eaux. Pour le Kenya, la frontière devrait suivre un tracé parallèle aux latitudes, c’est-à-dire parfaitement horizontale.
Si ce territoire est tant disputé, c’est pour des raisons d’ordre économique. En jeu, un triangle de 100 000 km² riche en hydrocarbures et en poissons. Pour la Somalie, pays en proie à la pauvreté, il représente la perspective d’un levier économique sans précédent. Pour le Kenya, il est une occasion de poursuivre son développement.
Ingérence européenne ?
Mais dans le conflit, qui dure depuis sept ans, les parties nagent toujours en eaux troubles. La veille de l’ouverture des audiences attendues à La Haye, le Kenya a annoncé qu’il refusait de se présenter devant la CIJ. “Le Kenya ne devrait pas participer à sa propre décapitation”, clame le journal kényan The Standard.
Nairobi estime que les audiences, qui se déroulent virtuellement en raison du Covid-19, ne sont pas propices à une bonne défense. Aussi, le Kenya voit en la CIJ une ingérence certaine de l’Europe. En prenant comme prétexte la défense de la Somalie, “l’Europe [est] prête à dépouiller le Kenya de son territoire”, lance le journal kényan.
L’événement ne fait que crisper un peu plus les différentes parties. Il faut dire que les points de contentieux ne manquent pas entre ces pays frontaliers de la corne de l’Afrique. Parmi eux, l’État du Jubaland, une région autonome située dans le sud-ouest de la Somalie, à la frontière kényane. La Somalie accuse le Kenya d’utiliser la zone comme un État tampon contre Al-Chabab, groupe terroriste affilié à l’État islamique.