Chargée par le président, Kaïs Saïed, de former un nouveau gouvernement, l’universitaire sera la première femme à occuper ce poste en Tunisie.
Pour la première fois, une femme va diriger le gouvernement tunisien. Le président, Kaïs Saïed, a chargé Najla Bouden de former un gouvernement en Tunisie, a annoncé mercredi 29 septembre la présidence. A la fin de juillet, après des mois de blocage politique, M. Saïed avait limogé le précédent cabinet, gelé le Parlement et s’était octroyé aussi le pouvoir judiciaire.
Mme Bouden a été « chargée de former un gouvernement dans les plus brefs délais », a déclaré la présidence dans un communiqué, insistant à plusieurs reprises sur le caractère « historique » de la nomination, pour la première fois, d’une femme à la tête du gouvernement en Tunisie. « C’est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne. »
Pouvoirs amoindris
Les pouvoirs octroyés au chef du gouvernement ont cependant été considérablement amoindris par les « mesures exceptionnelles » adoptées par M. Saïed le 22 septembre, qui suspendent l’application de chapitres-clés de la Constitution. Désormais, sur la base des « mesures exceptionnelles » prises le temps de mener une série de « réformes politiques », le chef de l’Etat, détenteur du pouvoir exécutif, préside lui-même le conseil des ministres.
Née en 1958 et scientifique de formation, Mme Bouden, originaire de la ville de Kairouan, est inconnue du grand public. Avant sa nomination surprise, Mme Bouden était directrice générale d’un projet de réforme de l’enseignement supérieur. Auparavant, cette docteure en géologie avait été chargée de mission, puis directrice générale au ministère de l’enseignement supérieur.
Depuis la présidence de Habib Bourguiba, qui leur avait aménagé un code de statut personnel, en 1956 – qui interdit la polygamie et la répudiation et autorise le divorce – la Tunisie est considérée comme le pays du Maghreb à l’avant-garde pour l’émancipation des femmes.
« Un hommage à la femme tunisienne »
Toutefois, le président Saied, considéré comme un conservateur sur le plan des moeurs, avait été critiqué pendant la campagne ayant mené à son élection surprise fin 2019, pour son opposition à une loi permettant l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage.
La présidence a publié une vidéo recevant Mme Bouden dans son bureau et la chargeant de former un nouveau gouvernement et de le lui présenter « dans les prochaines heures ou jours ».
رئيس الجمهورية #قيس_سعيد يكلف السيدة نجلاء بودن حرم رمضان بتشكيل حكومة. #TnPR https://t.co/XR1iyb206G
— TnPresidency (@Tunisian Presidency - الرئاسة التونسية)
M. Saied a insisté à plusieurs reprises sur le caractère « historique » de la nomination d’une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. « C’est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne. »
Seul le président parle sur cette vidéo où on peut apercevoir sur un côté de l’écran une photo le montrant en train de rendre visite le 13 août dernier à l’occasion de la journée de la femme à un groupe de femmes fabriquant des poteries de Cité Hlel, ville populaire du sud de Tunis.
La principale mission du futur gouvernement sera « de mettre fin à la corruption et au chaos qui s’est répandu dans de nombreuses institutions de l’Etat », a encore dit M. Saied, à l’adresse de son interlocutrice.