Plus de 200 policiers ont manifesté mercredi à Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, pour défendre leur droit syndical et réclamer la libération de huit de leurs collègues, arrêtés il y a cinq jours lors d’un autre mouvement de protestation.
A l’appel du Syndicat national de la sûreté intérieure (SNSI), des policiers en civil se sont rassemblés au centre de Sfax, la deuxième plus grande ville de Tunisie, pour demander que leurs collègues soient relâchés.
Arrêtés vendredi, les huit agents ont été placés en détention sur ordre d’un tribunal militaire après avoir participé à un sit-in à Sfax, organisé par le SNSI pour “des revendications professionnelles et sociales”, a indiqué à l’AFP son porte-parole Chokri Hamada.
Le syndicat qui avait installé 32 tentes sur l’ensemble du territoire tunisien a refusé d’obtempérer aux ordres de policiers déployés par les autorités pour disperser le mouvement.
Des affrontements ont alors opposé les policiers syndicalistes et les forces de l’ordre à Sfax, au cours desquels les huit policiers syndicalistes ont été arrêtés. Ils sont accusés notamment d'”atteinte à la sécurité publique”, selon M. Hamada et des médias locaux.
Les manifestants de mercredi ont dénoncé une volonté de “harcèlement” et d’étouffer le droit syndical.
“Le ministère de l’Intérieur ne veut pas travailler en respectant la loi, il travaille sous les instructions” du président Kais Saied, a lancé un membre du syndicat, devant la foule.
“Non aux instructions”, “le syndicat est libre”, ont alors scandé les manifestants.
Le président Saied a appelé pendant l’été à rassembler les syndicats policiers en un seul, ce que le SNSI dénonce comme une tentative d'”oppression” du travail syndical, “un droit chèrement acquis”, selon M. Hamada.
Depuis la chute du régime de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, les policiers ont le droit de s’organiser en syndicats. Plusieurs organisations ont vu le jour, dont le SNSI.
Héritière d’une tradition de répression, la police fait l’objet de critiques récurrentes en Tunisie pour un usage de la force excessif. Selon la Ligue tunisienne des droits de l’homme, 14 jeunes ont été tués ces dernières années lors d’interventions policières, sans que les auteurs ne soient sanctionnés.
Des ONG et l’opposition ont aussi accusé les services de sécurité de recourir à des méthodes rappelant celles de l’Etat policier sous la dictature Ben Ali, depuis que le président Kais Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.