La première conférence de paix chinoise pour la Corne de l’Afrique s’est clôturé mardi à Addis-Abeba. Habituellement discrète sur le terrain politique, Pékin a récemment nommé un envoyé spécial pour la région. Les différentes parties se sont accordées sur la résolution commune des conflits dans la région. Malgré cette déclaration d’intention, le sommet qui a duré deux jours, n’a pas rencontré l’engouement espéré par la Chine.
Initialement, les ministres des Affaires étrangères de huit pays de la Corne de l’Afrique y étaient conviés. Finalement, seuls les ambassadeurs ont fait le déplacement, et encore l’Érythrée, pourtant proche de Pékin, n’a pas donné suite à l’invitation.
Tel est le résultat mitigé de cette conférence de paix chinoise aux contours flous, avec des débats superficiels. Si flous que même les conflits régionaux n’ont pas été évoqués. Pas question par exemple de proposer une médiation pour la guerre civile éthiopienne, a déclaré l’envoyé spécial chinois pour la Corne de l’Afrique, Xue Bing, qui a pris son poste en février, rapporte notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin.
« Un galop d’essai » pour la Chine
Cette première conférence permet surtout d’essuyer les plâtres. C’est « un galop d’essai » pour la Chine, a concédé Xue Bing.
Sur le principe, ce rendez-vous vient montrer que Pékin souhaite avoir une influence géopolitique en Afrique, notamment de médiateur dans les crises du continent. Cela vient s’ajouter à l’ouverture d’une première base militaire à Djibouti ou encore à la nomination de plusieurs envoyés spéciaux chinois, notamment pour la Corne de l’Afrique.
Les experts pointent aussi le fait que la Chine regarde de près cette zone instable, parce qu’elle constitue aussi une étape cruciale dans le transit des produits chinois, à travers son projet de nouvelles routes de la soie.
Mais l’envoyé spécial Xue Bing doit résoudre une nouvelle contradiction de la diplomatie chinoise : il prétend qu’à la fois la Chine à un rôle à jouer pour maintenir la paix dans la région, et qu’à la fois il rejette les ingérences extérieures imposées à la Corne de l’Afrique.
Le principe chinois de non-ingérence, cher à Pékin, entre toutefois en directe contradiction avec la volonté des autorités de jouer un rôle géopolitique de premier plan.
Les pays de la Corne et l’envoyé spécial chinois ont assuré qu’ils se réuniraient deux fois par an.
« La Chine n’a plus les moyens de ses ambitions »
Selon l’écrivain, journaliste sénégalais et spécialiste de la relation Chine-Afrique Adama Gaye, ce sommet prouve que « la Chine est en train de réduire son exposition », d’une façon « très contradictoire ».