Lancé dans une réforme de la Constitution qui devrait lui permettre de briguer un nouveau mandat mais qui a bien des détracteurs de Bangui à Paris, Faustin-Archange Touadéra veut jouer la carte du soutien populaire. Il s’appuie notamment sur un homme, Blaise Didacien Kossimatchi, héraut mobilisateur et symbole menaçant des dérives de la présidence.
Le document, à en-tête du mouvement Galaxie nationale, est daté du 31 juillet. Il détaille les objectifs de l’ »opération Barbarossa contre les ennemis de la paix » en Centrafrique. Trois personnes y apparaissent nommément désignées comme cibles prioritaires : le bâtonnier Émile Bizon, l’avocat André Olivier Manguereka et l’activiste Ben Wilson Ngassan. Face aux noms des deux premiers, en lettres rouge sang, figure la mention « ligoter et ramener en vie ». Dans la case réservée au troisième, une autre « tâche à exécuter » est inscrite : « sévices corporels appliqués ». Le document précise encore le « matériel à utiliser » : « machette, batte de baseball, couteaux ».
Sur la même feuille au format A4, un deuxième tableau liste sept familles considérées comme « ennemies de la paix », dont celle des activistes Jean-François Akandji-Kombé et Henri Grothe. Leurs « enfants, frères, sœurs, cousins » devront également subir des « sévices corporels ». « Forte récompense en jeu ! » affirme encore le document, relayé sur les réseaux sociaux par la Galaxie nationale. Celle-ci n’en est pas à son coup d’essai. Dans les mois précédents, elle a menacé de représailles bon nombre des opposants au président Faustin-Archange Touadéra ou appelé à des « traitements cruels et inhumains » contre des « troupes françaises » prétendument stationnées en Centrafrique.
Soutien de l’action de la Russie en Centrafrique, Galaxie nationale a également à son actif d’avoir organisé une manifestation en faveur de l’invasion de l’Ukraine. Elle a aussi incité à « envahir l’ambassade de France à Bangui » et à incendier les stations de carburant de marque (française) Total. Derrière ces menaces et cette mobilisation, un homme, dont la signature est bien visible sur le document du 31 juillet : Blaise Didacien Kossimatchi, coordonnateur de Galaxie nationale et pourfendeur proclamé des « ennemis de l’État » et autres « partisans de la Françafrique ».