MANIFESTATION. Un rassemblement pour appeler à la libération du journaliste français s’est tenu ce mardi à 11 h 30 simultanément à Paris et à Bamako.
À l’initiative de Reporters sans frontières, du comité de soutien #FreeOlivierDubois, de France Médias Monde (Radio France Internationale, France 24, Monte Carlo Doualiya), des rédactions de Radio France, d’ex-otages tels que Florence Aubenas (Irak) et Didier François (Syrie), de l’Union des Clubs de la presse de France et des pays francophones, de SOS Otages et, bien sûr, des médias avec lesquels Olivier Dubois collabore (Le Point, Libération et Jeune Afrique), un rassemblement s’est donc tenu à Paris, place de la République, ce mardi 8 juin à 11 h 30. Au même moment, à Bamako, à la Maison de la presse une manifestation similaire a été organisée.
Il s’est agi, au-delà de l’appel à la libération d’Olivier Dubois, de marquer une vive solidarité à l’endroit de sa famille, de ses amis et de tous ceux qui, de près ou de loin, ont été sensibles à son travail et se sentent concernés par son sort aujourd’hui. Ainsi, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Dov Alfon, directeur de Libération, Etienne Gernelle, directeur du Point, Marc de Boni, porte-parole du comité de soutien à la libération d’Olivier Dubois, ami et frère d’Olivier Dubois, chef du bureau de presse de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Cannelle Bernard, soeur du journaliste enlevé, au nom d’une partie de la famille, Florence Aubenas (en présence d’Edouard Hélias, Philippe Rochot, Jean-Jacques Le Garrec, Roméo Langlois, Georges Malbrunot) au nom d’ex-otages en Irak, en Syrie ou ailleurs, sont intervenus pour situer le sens de ce rassemblement place de la République mais aussi pour délivrer un message d’encouragement à Olivier Dubois. La date n’a pas été choisie au hasard. Ce 8 juin, cela fait exactement deux mois que notre confrère est aux mains de djihadistes, dont Olivier Dubois, dans la vidéo de la vingtaine de secondes diffusée sur les réseaux sociaux dans la nuit du 4 mai, dit qu’ils sont du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, selon l’acronyme arabe de l’organisation, qui a prêté allégeance à Al-Qaïda). Sans confirmer que les ravisseurs du journaliste français sont bien du GSIM, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a indiqué quelques jours plus tard que notre correspondant était bien « otage d’un groupe djihadiste ».
Marquer la solidarité à l’homme et au journaliste
Au-delà de cette considération, ce rassemblement s’est inscrit dans une dynamique de solidarité à l’homme, à sa famille, ses amis, mais aussi au professionnel qui a couvert, entre autres supports, pour Le Point Afrique, site du Point dédié au continent, des séquences importantes et essentielles de la situation au Mali. Fin limier de l’information, Olivier Dubois a levé le voile sur plusieurs thèmes majeurs qui travaillent la vie politique et la société malienne depuis les événements de 2012 par lesquels les djihadistes ont imposé une nouvelle donne à travers tout le Sahel.
Du rapport de la religion et de l’État, des approches différenciées des uns et des autres concernant la relation à installer avec les djihadistes (dialogue ou pas), de l’évolution de la situation militaire sur le terrain, de la réalité interne des enlèvements avec la série sur l’otage Sophie Pétronin à la difficulté de la traque des djihadistes et à assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’à l’impact sur les enseignants et les élèves dans les écoles disséminées au Mali, en passant par les propos précieux de personnalités aux premières loges de la situation sur le terrain, telles que le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l’armée française ; Youssouf Toloba, chef de Dan Na Ambassagou – organisation autonome de lutte contre les djihadistes en Pays dogon – ; Mahmoud Dicko, ex-président du Haut Conseil islamique du Mali et acteur important, avec le M5, de la chute de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta ; le chérif de Nioro, porteur d’une sensibilité soufie dans un pays pris d’assaut par le salafisme saoudien, etc., Olivier Dubois a été une source fiable et pertinente d’informations pour les internautes qui nous font l’honneur de nous suivre.
Le Mali, classé 99e sur 180 au dernier Classement mondial de la liberté de la presse 2021, est un terrain d’opérations compliqué pour les journalistes, qu’ils soient des nationaux ou des étrangers. Cela ne fait que renforcer le respect que nous avons du travail que notre confrère Olivier Dubois a fourni depuis qu’il s’est installé sur les bords du fleuve Djoliba en 2015.