Les présumés terroristes tunisiens ont-ils des spécificités qui les différencient des autres terroristes dans le monde? Y a-t-il des caractéristiques communes qui permettraient de dresser le profil type d’un “terroriste” tunisien? Comment deviennent-ils terroristes? Que faisaient-ils avant de le devenir? Où se sont-ils entraînés? Analyse du profil des présumés terroristes tunisiens en chiffres.
L’erreur généralement commise lorsqu’il est question d’analyser le phénomène des terroristes jihadistes est la généralisation. Cela a pour résultat de dégager une image stéréotypée des terroristes qui n’admet pas d’exceptions et place l’ensemble dans un même panier réunissant les causes, les faits et les résultats. Ainsi, le terrorisme est souvent considéré comme étant lié à la pauvreté, à l’analphabétisme, aux quartiers populaires et aux régions intérieures marginalisées. L’ensemble de ces qualifications peuvent représenter une partie des spécificités auxquelles pourraient répondre certains présumés terroristes – tunisiens ou étrangers – mais il est impossible, selon les informations qu’apportent les affaires judiciaires en lien avec le terrorisme, de dresser un portrait unique du terroriste tunisien.
Ces données chiffrées ont été réunies dans une étude quantitative, “Le Terrorisme en Tunisie à travers les dossiers judiciaires” élaborée par le Centre tunisien de la recherche et des études sur le terrorisme (un centre créé fin 2015 par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux) et présentée en octobre 2016. Environ 1000 cas de terroristes présumés (appelés “terroristes” dans le rapport) ont été analysés et compilés.
L’étude se base sur les dossiers et documents judiciaires disponibles auprès des tribunaux de 2014 à fin 2017. L’équipe de recherche a consulté 384 dossiers où figurent quelque 2224 accusés de terrorisme.
70% des “terroristes” sont passés par des camps d’entraînement en Libye
Selon le rapport, 98,8% des présumés terroristes en Tunisie ont la nationalité tunisienne, ce qui confirme la présomption selon laquelle le terrorisme serait une “industrie locale”, les étrangers étant quasiment absents de la plupart des opérations terroristes qui se sont produites sur le territoire tunisien.