Quelques jours seulement après la libération des quatre otages en échange de quelque 200 présumés jihadistes, le Centre du Mali a été le théâtre d’une double attaque lors de laquelle douze civils et au moins autant de militaires maliens ont été tués.
L’attaque s’est déroulée en deux temps. Dans la nuit de lundi à mardi, une position militaire située à Sokoura, dans le cercle de Bankass, a été attaquée vers 1h du matin par « des individus armés non identifiés ». Selon un bilan provisoire délivré par le ministère malien de la Défense, neuf soldats ont été tués, et un autre blessés, lors de cette première attaque à proximité de la frontière burkinabè. Celle-ci a été menée « par des terroristes infiltrés », a précisé une source militaire dans le centre du pays citée par l’AFP.
« Douze civils tués, dont deux femmes et un bébé »
Le lendemain, des renforts ont été dépêchés sur place pour un « ratissage, en vue de retrouver les assaillants ». Mais le convoi militaire, suivi par un bus en route pour la foire hebdomadaire de Bankass, est à son tour tombé dans une embuscade au niveau la localité de Paroukou. Le bilan, encore provisoire, est lourd. Il y a eu « douze morts parmi les forains, dont deux femmes et un enfant », a affirmé Oumar Guindo, un représentant des jeunes basé à Bandiagara. « Douze civils ont été tués, dont deux femmes et un bébé », a confirmé une source policière.
Du côté de l’armée, le ministère de la Défense fait état d’au moins deux soldats tués, et précise que « treize terroristes ont été abattus et deux véhicules détruits par l’aviation militaire ». « Tous ces bilans sont provisoires », a souligné l’armée, qui a subi dans cette double attaque ses plus lourdes pertes depuis le putsch du 18 août qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Farabougou, village assiégé
Dimanche, déjà, au moins cinq habitants du village de Farabougou, situé dans le nord de Mopti, ont été tués par de présumés jihadistes qui assiègent leur localité depuis plusieurs jours. Mardi 6 octobre, lors de la foire hebdomadaire qui se tenait dans le village, une vingtaine de personne ont été enlevées par un groupe armé, dont neuf étaient toujours aux mains de leurs ravisseurs, qui ont encerclé Farabougou.
« Le village est coupé du pays par les terroristes qui ont bloqué toutes les voies d’accès », affirmait dimanche le chef de village, Boukary Coulibaly. Des villageois qui tentaient d’y rentrer sont tombés dans une embuscade qui a fait cinq morts et une quinzaine de blessés. Les assaillants ont « tué six personnes le vendredi», a précisé un élu de la localité sous couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité. Un habitant contacté par téléphone a confirmé que « six civils ont été tués par les jihadistes », et d’autres personnes « sont portées disparues ».
Au moment de l’embuscade, un autre groupe à bord de pick-ups et de motos « est allé enlever l’ensemble des troupeaux de Farabougou, plus de 3 000 têtes de bovins et de petits ruminants », a affirmé un villageois, Youssoufa Coulibaly.
« Les villageois n’ont plus à manger. Ils ne peuvent pas sortir du village et personne ne peut entrer à cause de la présence des jihadistes qui contrôlent tout », a affirmé pour sa part un élu d’une localité située à 15 km de Farabougou. Lundi, un responsable du ministère de la Sécurité a assuré que « les mesures sont prises pour débloquer rapidement la situation ».
204 jihadistes présumés remis en liberté
Ce regain de violences intervient quelques jours seulement après la libération de Soumaïla Cissé et de trois Occidentaux – la Française Sophie Pétronin et les deux Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccali – par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali, le 8 octobre.
Une libération obtenu en échange, notamment, de la remise en liberté de 204 prisonniers réclamés par les jihadistes. Parmi eux figurent notamment des responsables de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu à Bamako en 2015 et des attentats du Splendid Hôtel et du café Cappuccino à Ouagadougou en janvier 2016, comme l’a révélé Jeune Afrique le vendredi 12 octobre.
Vendredi, à l’issue du Conseil des ministres du gouvernement de transition, le président Bah N’Daw affirmait, évoquant les jihadistes : « L’ennemi est connu et le vaincre est possible ». « A défaut de gagner tout de suite cette guerre que je sais de longue haleine, nous devons remporter des victoires rassurantes », a-t-il ajouté.