Selon des éléments fiables obtenus auprès de sources sécuritaires sur le terrain, l’organisation Al Qaïda au Maghreb Islamique(AQMI) opérant dans le corridor sahélien, aurait selon ces sources « structuré une filière d’immigration clandestine très élaborée », qui lui permettrait à la fois de se financer et d’envoyer des agents dormants potentiels en Europe. La diversification des sources de financement d’AQMI serait au cœur des préoccupations des acteurs impliquées dans la sécurisation du Sahel, dont les Etats-Unis, qui ont déjà lancé une offensive massive pour réduire le narcotrafic, considéré comme une source potentielle de financement extrêmement inquiétante. A l’image des groupes mafieux, AQMI est en effet à la recherche du meilleur financement avec un ratio coût/opportunité le plus intéressant, ce qui aurait poussé l’organisation terroriste à lentement glisser du narcotrafic vers l’immigration clandestine.
Contrôler et organiser des flux humains correspond plus à la « culture » d’AQMI, puisque cela permet de valoriser des « savoir-faire »-notamment en termes de clandestinité, de fabrication de faux papiers, de passage de frontières-qui ont été largement perfectionné à travers le long affrontement avec les services de sécurité algérien par le Groupe Salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) , qui constitue l’ossature principale d’AQMI. De plus, le glissement du narcotrafic vers l’animation de réseaux d’immigration clandestine correspond plus aux valeurs extrémistes Salafiste d’AQMI, le commerce de drogue, les « Moukhâdirates » étant considéré comme un pêché mortel par l’islam. Cet interdit religieux était jusque là contourné par une fatwa qui permettait aux candidats au djihad de transgresser les préceptes de l’islam au nom de la cause Djihadiste ou Salafiste. En réalité, AQMI vient tout simplement remplir un vide au niveau de l’organisation des filières d’immigration clandestines en Afrique Subsaharienne, puisque les réseaux actuels ne parvenaient pas à assurer aux candidats au départ des conditions de sécurité suffisantes, notamment à l’égard des femmes qui étaient souvent victimes de viols, comportements que réprouvent les terroristes islamistes. Au-delà de ces éléments, le risque le plus important aujourd’hui est de voir AQMI commencer à recycler une partie de ses fonds vers l’économie légale ou semi légale dans la région, ce qui rendrait le financement de plus en difficile à détecter par les structures de forces régionales et par les services de renseignements actifs dans la région. Selon un témoignage d’un agent de la CIA, l’a centrale américaine serait en train de plancher sérieusement sur le sujet et aurait réuni plusieurs experts de la question afin de lui préparer une riposte adaptée à ce nouveau sujet.