En Libye, une vaste opération anti-drogue a été menée vendredi 1er octobre à Tripoli. La police libyenne a arrêté un grand nombre de migrants dans la banlieue de la capitale. Dans un communiqué, le procureur général explique que ces personnes sont soupçonnées d’être impliquées dans le trafic « de stupéfiants, d’alcool et d’armes à feu ». L’ONG Norwegian refugee council, elle, dénonce une opération qui vise surtout à arrêter des migrants et réfugiés.
Le chef du gouvernement de transition, Abdelhamid Dbeibah, a salué sur twitter « les héros du ministère de l’Intérieur » après cette opération de police.
« C’est parmi les plus importantes arrestations de migrants que nous ayons vues en Libye, ces dernières années », rapporte Dax Roque, directeur du Norwegian refugee council en Libye, joint au téléphone par Gaëlle Laleix, de la rédaction Afrique : près de 4000 migrants ont ainsi été arrêtés ces deux derniers jours en Libye.
« Parmi les personnes arrêtées, il y a des réfugiés déjà enregistrés. Nous savons aussi qu’il y a des femmes, dont certaines sont enceintes, et des enfants. Des images ont circulé sur les réseaux sociaux de douzaines de personnes, mains liées, qui sont emmenées. Ce n’est pas la première fois que la Libye arrête un nombre important de migrants. Tout au long de l’année, des réfugiés sont détenus dans des centres de détention. Et il faut noter que leurs conditions de réclusion sont déplorables: les centres sont surpeuplés et insalubres.
Nous demandons donc aux autorités libyennes de libérer les migrants détenus. Et nous demandons aussi, aux pays, notamment européens qui entretiennent des relations étroites avec la Libye, de hausser le ton sur cette question car nous savons tous que la situation des réfugiés en Libye est inquiétante depuis trop longtemps. »
Depuis la chute du dictateur libyen Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est devenu une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants cherchant à rejoindre l’Europe. La Libye est aussi devenue un véritable enfer pour les candidats à l’exil. Les témoignages de tortures, travaux forcés, passages à tabac, et viols dans les centres de détention officiels sont légion. En juin dernier, l’ONG Médecins sans frontières a ainsi décidé de quitter les centres de détention de migrants de al-Mabani et Abu Salim, à Tripoli, dénonçant une situation « insoutenable ».