En Tunisie, la classe politique s’inquiète des décisions prises par le président Kais Saied depuis le 25 juillet. Ce mardi, quatre partis de gauche ont signifié leur opposition au limogeage du gouvernement, et à la suspension du Parlement et de chapitres clés de la Constitution.
Selon ces partis politiques, les mesures prises par le président Saied pourraient déboucher sur un pouvoir absolu concentré dans les mains d’un seul homme. “Le président a choisi la fuite en avant (…). D’un trait de plume, il a établi un pouvoir absolu”, a déploré Ghazi Chaouachi, président du Courant démocrate, qui a 21 sièges au Parlement suspendu.
“Aujourd’hui, nous vivons une époque d’illégitimité et nous avons publié une déclaration commune après les décisions du 22 septembre. Nous considérons que le président a fait un coup d’état constitutionnel.” Si le président, qui cherche à “satisfaire ses désirs”, ne revient pas sur ses mesures, le pays “risque de glisser vers la violence” voire “une guerre civile”, a-t-il averti. “Nous allons recourir à tous les moyens de pression et de lutte légale et pacifique pour défendre la démocratie et les acquis de la révolution.”
Craignant un scénario libanais en Tunisie avec une paralysie prolongée des institutions de l’Etat, le président du parti Afek Tounes (deux sièges au Parlement), Fadhel Abdelkefi, a souligné la gravité de la crise actuelle et ses répercussions sur l’économie tunisienne. “Le Liban ne peut plus rien importer : ni blé, ni sucre, ni pétrole. L’électricité et l’eau sont toujours coupées. J’espère que nous ne vivrons jamais cela en Tunisie. Le président a parlé d’une roue qui partait en vrille et je vais utiliser la même métaphore pour lui rappeler que nous sommes encore sur l’autoroute et que nous risquons de nous retrouver avec des crédits impayés.”
Samedi dernier des ONG nationales et internationales ont accusé le président tunisien de “dérives sans précèdent pour accaparer le pouvoir”.