Un sommet entre la France et le G5 Sahel sur l’avenir de la lutte contre le terrorisme dans la région

Les chefs d’Etat nigérien, tchadien, malien, burkinabé et mauritanien seront avides de détails sur la fin prochaine de l’opération « Barkhane », annoncée par Emmanuel Macron.

Les chefs d’Etat du G5 Sahel doivent s’entretenir vendredi 9 juillet avec Emmanuel Macron, alors que la France n’a encore donné aucun détail sur la réduction de ses forces militaires dans la région, où les groupes djihadistes sont toujours aussi menaçants.

Seul le président nigérien, Mohamed Bazoum, se trouvera à Paris. Ses homologues tchadien, malien, burkinabé et mauritanien resteront pour leur part en visioconférence pour une rencontre aussi attendue que discrète : la France n’a communiqué que jeudi en fin de journée sur le programme, sans aucun commentaire.

Après plus de huit ans d’engagement massif, des sommes colossales englouties et 50 soldats morts au combat, le président français avait annoncé en juin la fin prochaine de l’opération « Barkhane » avec une revue à la baisse des effectifs français (5 100 soldats actuellement), la fermeture de bases militaires et une réarticulation de la lutte antidjihadiste autour de partenaires européens.

Et même si Paris avait à plusieurs reprises évoqué la possibilité d’un retrait, les partenaires africains ont été pris de court par cette annonce. Ils seront avides de détails sur une opération qui pourrait considérablement modifier le rapport de forces sur le terrain entre les armées régulières et les djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI).
Task force « Takuba »

Dans cette immense région désertique largement délaissée par les pouvoirs centraux, le reste du contre-terrorisme devra être assumé par les armées de la Force conjointe du G5 Sahel, que peu d’observateurs jugent capables de relever le défi.

En face, les groupes djihadistes continuent inlassablement de poser leur empreinte, s’étendent vers le golfe de Guinée, au sud, et provoquent de lourdes pertes dans les forces armées comme au sein des populations civiles.

Paris tentera pourtant de convaincre ses partenaires de la viabilité de son projet européen : elle compte beaucoup sur la task force « Takuba », des troupes d’élite censées former les unités maliennes au combat et qui rassemblent aujourd’hui 600 hommes, dont la moitié de Français, et des Estoniens, des Tchèques, des Suédois et des Italiens.

Côté africain, les situations politiques sont quelque peu incertaines. Au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno a succédé à l’âge de 37 ans à son père, tué au front en avril, sans égard pour la Constitution mais avec le soutien rapide de Paris. Au Mali, la junte a enchaîné deux coups d’Etat en moins d’un an, poussant cette fois la France à suspendre sa coopération militaire avant de la reprendre tout récemment sans guère d’explications.

Au fil des discussions pourrait aussi surgir la question des négociations avec les groupes armés, que plusieurs Etats africains appellent de leurs vœux. Mais Paris exclut de discuter avec les cadres supérieurs, liés aux groupes djihadistes de l’EI et d’Al-Qaïda.

Au même moment, un autre partenaire étranger sera sollicité : la ministre française des armées, Florence Parly, est ce vendredi aux Etats-Unis pour rencontrer son homologue, Lloyd Austin. Il devrait confirmer le soutien apporté par Washington dans la région : ravitaillement en vol, transport logistique et renseignement.