Depuis plus de six ans (mai 2014) que Kidal et sa région se sont mises en marge de la République, hypothéquant ainsi l’intégrité territoriale du pays, c’est toujours le statu quo en ce qui concerne leur retour dans le giron du Mali. Et pourtant, seulement deux mois après cette rupture de ban entre Kidal et le Mali, des pourparlers qui se sont étalés sur plus de onze mois (du 16 juillet 2014 au 20 juin 2015) ont été sanctionnés par un ‘’ACCORD POUR LA PAIX ET LA RECONVILIATION AU MALI ISSU DU PROCESSUS D’ALGER’’.
Malheureusement depuis la signature définitive, le 20 juin 2015, de cet accord par toutes les parties prenantes, sa mise en œuvre peine toujours à trouver ses marques. Si pour cette léthargie inqualifiable, les différents protagonistes de l’Accord n’en finissent pas de se rejeter mutuellement la balle, il faut dire que de constat général, c’est plutôt l’attitude de partialité de la communauté internationale sous le sceau du Comité de Médiation qui exaspère la partie malienne. C’est un secret de polichinelle que dire, en ce qui concerne l’application des dispositions de cet accord de paix, les groupes armés signataires, notamment la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), privilégient plutôt les dispositions qui leur sont bénéfiques et aussi ils excellent dans des tergiversations et autres faux-fuyants qui permettent de ralentir au maximum le processus de mises en œuvre. Nul n’est dupe des raisons de cette attitude des dirigeants ex-rebelles touareg car la mise en œuvre de l’Accord d’Alger constitue pour eux, une vache laitière qu’il faut traire à volonté tout en la maintenant le plus longtemps possible en vie. L’observateur averti de la scène politique malienne n’est nullement surpris de voir les dirigeants ex-rebelles touareg s’agiter autour des autorités de la Transition pour que celles-ci s’inscrivent dans une logique de ‘’continuation’’ de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
En vérité si les Maliens, dans leur majorité écrasante, rechignent à s’accommoder de l’Accord d’Alger, c’est parce que non seulement ils n’ont pas été intimement associés à son élaboration mais aussi nombreuses de ses dispositions ne rassurent pas quant à l’intangibilité du territoire national. C’est pourquoi en écoutant la vox populi au Mali, il n’est pas rare d’entendre que sans le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali, la Transition serait de moindre utilité. Cette assertion est d’autant légitime quand on sait que le régime défunt, celui d’IBK, a toujours été en butte au refus des dirigeants ex-rebelles touareg, d’ouvrir les portes de leur fief, Kidal et sa région, aux symboles de l’Etat malien. D’aucuns vous diront peut-être que le Gouverneur de Région y est le représentant attitré de l’Etat. Oui ! C’est vrai ! Il y est ! Mais travail sous les ordres de la CMA et non de l’Etat malien. Cela est de notoriété publique.
En vérité le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali est, en quelque sorte, le tendon d’Achille des dirigeants de la CMA vis-à-vis de la mise en œuvre de l’Accord. Nous savons qu’avec l’absence des symboles de l’Etat, la région de Kidal constitue un sanctuaire pour les groupes terroristes qui vivent de trafic de drogue et autres marchandises prohibées. Outre ces pratiques répréhensibles, il y a aussi le fait d’une connivence entre les groupes terroristes et certains groupes signataires de l’Accord. C’est justement à Kidal et dans sa région que les différentes rencontres se font, loin des yeux et des oreilles de la République. Pour toutes ces raisons, les ex-rebelles touareg ne s’accommoderont jamais, de gaieté de cœur, du retour de leur fief et sa région dans le giron du Mali. On se souvient qu’au nombre des recommandations faites par le ‘’Dialogue National Inclusif’’ (DNI), il y a celle se rapportant à une relecture de certaines dispositions de l’Accord d’Alger. Ceci étant une expression de la volonté populaire, les autorités de la Transition sont alors tenues de s’y conformer. Déjà des velléités d’opposition à cette relecture commencent à se faire entendre dans le sérail des ex-rebelles touareg. Vouloir tergiverser sur la faisabilité ou pas de cette relecture pour pousser les Maliens à rejeter l’Accord dans son entièreté. Mais là, ce sera une autre paire de manches.