Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, le pays est devenu le principal terminal de départ des migrants clandestins africains vers l’Europe.
Un rapport sénatorial français publié en 2018 estimait à 25 % la part de l’économie de la migration dans le PIB libyen. Le pays est devenu le principal terminal de départ des migrants africains vers l’Europe, qu’ils viennent du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique de l’Est.
En 2004, après s’être rapproché de plusieurs pays de l’Union européenne, Mouammar Kadhafi met en place une surveillance plus stricte de la migration sur et depuis le territoire libyen. Entre 2003 et 2005, près de 145 000 migrants subsahariens sont ainsi renvoyés dans leurs pays d’origine depuis la Libye.
En 2010, seuls 4 500 migrants en situation irrégulière gagnent l’Europe via la route de la Méditerranée centrale. À la chute du « Guide », en 2011, différentes milices tribales – dont celle des Ouled Souleimane, à Sebha – prennent le contrôle du Sud et tirent des revenus importants du transit en Libye de milliers de candidats au départ. C’est donc bien l’instabilité du pays qui en a fait la plaque tournante du trafic d’êtres humains, par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord, mieux contrôlés.
Les chemins privilégiés
Tous les migrants qui se rendent en Libye n’ont pas pour but de rejoindre l’Europe : c’est aussi un pays de destination. Forte de la rente pétrolière et d’une population limitée (6,5 millions d’habitants), la Libye attire une importante main-d’œuvre africaine. Une part des migrants originaires des pays du Sahel vont en Libye quelques mois pour des travaux saisonniers.
Depuis l’Afrique de l’Ouest, le trajet jusqu’à Agadez, au Niger, est relativement aisé, du fait de la liberté de circulation entre les États de la Cedeao. Là, deux choix s’offrent à eux : transiter par Tamanrasset, en Algérie, pour rejoindre l’Ouest libyen ; ou traverser le désert. Des réseaux de passeurs soudanais et érythréens organisent, quant à eux, le périple depuis la Corne de l’Afrique.
La Tripolitaine est le point de départ privilégié vers l’Europe. Outre la topographie (la côte sablonneuse offre plus de facilités d’embarquement), l’éclatement politique de l’Ouest libyen explique ce choix. Aujourd’hui, c’est principalement de Zawiya, à 50 km de Tripoli, que partiraient les embarcations de migrants.