L’Union européenne espère prévenir une guerre commerciale avec les États-Unis

L’UE souhaite entamer au plus vite des négociations avec les États-Unis concernant les droits de douane que le président Donald Trump compte instaurer. C’est ce qu’a déclaré le commissaire européen au Commerce Maroš Šefčovič. Les politiciens européens espèrent discuter de ce problème litigieux avec le vice-président J.D. Vance, qui effectue une visite en France et en Allemagne.

Bruxelles compte sur une «interaction immédiate» avec Washington, rapporte Reuters. «Nous espérons que grâce à une interaction rapide, nous pourrons éviter des mesures qui pourraient entraîner de graves perturbations dans les relations commerciales et d’investissement cruciales sur la planète», cite l’agence les propos de Šefčovič.

Trump a déploré à plusieurs reprises le déficit dans la balance commerciale des États-Unis avec les pays de l’UE, qui dépasse 300 milliards de dollars, et a récemment annoncé son intention d’imposer des droits de douane sur les marchandises importées d’outre-Atlantique. «Je n’ai pas de calendrier, mais cela arrivera assez vite», a-t-il déclaré accusant les Européens d’utiliser les États-Unis à leurs fins.

La Maison-Blanche envisage d’imposer des droits de douane de 10% sur les marchandises en provenance de l’UE, a appris le journal britannique The Telegraph d’une source proche de l’administration américaine. Le journal rappelle que lors de son premier mandat présidentiel, Trump avait imposé des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur l’aluminium. Bruxelles avait riposté par des droits de douane sur les produits américains, notamment le whisky, les motos Harley-Davidson et les jeans Levi Strauss & Co.

L’UE est consciente de l’importance stratégique de la coopération avec les États-Unis, mais entend défendre ses intérêts et ses droits. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait déjà mis en garde le locataire de la Maison-Blanche en janvier contre une guerre commerciale avec l’UE, tout en signalant sa disposition à négocier. «Aucune autre économie dans le monde n’est aussi intégrée que les nôtres», a déclaré la dirigeante de l’UE au Forum économique mondial de Davos. «Le volume de nos échanges s’élève à 1500 milliards d’euros, ce qui représente 30% du commerce mondial. Les enjeux sont très importants pour les deux parties».

À son tour, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Kaja Kallas a noté qu’une guerre commerciale potentielle entre alliés, les États-Unis et l’Europe, serait préjudiciable aux deux parties.

Selon Bloomberg, encore en octobre, l’Union européenne avait préparé une liste de produits et services américains qui pourraient faire l’objet de mesures de rétorsion en réponse à la mise en œuvre de l’initiative de Trump d’imposer des droits de douane.

Cette semaine, on a appris que l’UE pourrait frapper les États-Unis avec des contre-mesures via un mécanisme que Bruxelles appelle «bazooka». Comme l’a révélé le Financial Times, la Commission européenne pourrait utiliser ce qu’on appelle l’instrument anti-coercition (IAC) dans un éventuel différend avec Washington. Il s’avère que cet instrument avait été développé pendant le premier mandat de Trump et utilisé ultérieurement comme facteur de dissuasion contre la Chine.

L’IAC permet à la Commission européenne d’imposer des restrictions s’il s’avère qu’un pays utilise des droits de douane pour «contraindre à un changement de politique». Cet instrument permet de recourir à un large éventail de mesures de rétorsion. Par exemple, bloquer les investissements directs étrangers ou restreindre l’accès au marché pour les banques, les compagnies d’assurance et autres sociétés financières. Mais surtout, selon les sources du journal, l’utilisation de l’IAC permettrait à l’UE de cibler les plus grandes entreprises technologiques américaines basées dans la Silicon Valley en Californie. Il s’agirait d’annuler la protection des droits de propriété intellectuelle ou leur utilisation commerciale.

Le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin estime que l’UE aura besoin de mesures de rétorsion rapides. «Il faut avoir une attitude de vigilance, mais aussi d’unité européenne, ça urge», a-t-il exhorté.

Il n’est donc pas exclu que cette question soit discutée dès la semaine prochaine avec le vice-président américain Vance. Comme le rapporte The Hill, lors de son premier voyage en Europe, il participera à un sommet sur l’intelligence artificielle qui se tiendra les 10 et 11 février à Paris. Ensuite, Vance se rendra en Allemagne pour la Conférence de Munich sur la sécurité, prévue du 14 au 16 février.

La situation actuelle est très sérieuse. Il semble que la Maison-Blanche se soit orientée vers une politique commerciale agressive. Un glissement vers un conflit commercial global est très probable, car Trump compte imposer des droits de douane d’abord contre l’Europe, puis éventuellement contre plusieurs autres pays.