Mali: MSF suspend ses opérations à Nampala (centre) faute de sécurité

Médecins Sans Frontières a annoncé mercredi suspendre ses opérations à Nampala (centre du Mali) après de récentes brutalités commises contre ses personnels et des agents de santé dans cette zone, l’un des foyers des violences au Sahel.

MSF impute dans un communiqué ces brutalités à “des hommes armés menant régulièrement des opérations militaires dans la zone”, sans préciser son propos. Depuis plusieurs mois, l’armée régulière et ses alliés du groupe paramilitaire Wagner mènent des opérations contre les groupes armés jihadistes, dont la Katiba Macina affiliée à Al-Qaïda.

MSF dit être la seule ONG internationale active dans ce secteur où elle dispense “des soins médicaux gratuits vitaux” à la population locale ainsi qu’aux personnes déplacées par le conflit.

Les civils dans le centre du Mali sont victimes d’exactions attribuées à une multitude d’acteurs armés, dont principalement les jihadistes, mais aussi l’armée et Wagner. Les autorités maliennes démentent tout abus de la part des soldats.

Une équipe de Médecins Sans Frontières et des agents de santé locaux ont été violemment pris à partie le 14 octobre en périphérie de Nampala, rapporte MSF qui dénonce des actes “inacceptables”.

“Deux de nos staff (collaborateurs) ont été molestés, tabassés, leur matériel vandalisé”, a rapporté Aissami Abdou, coordinateur des opérations de MSF en Afrique de l’Ouest. C’est la première fois qu’on s’en prend ainsi à une équipe de MSF depuis qu’elle a commencé à travailler dans le secteur en 2022, a-t-il dit.

“MSF a dû prendre la difficile décision de suspendre temporairement ses activités médicales dans la zone de Nampala, privant la population de soins essentiels”, dit l’ONG.

Avec 18 personnes (médecins, infimiers, sages-femmes, supports) sur deux sites dans le secteur de Nampala, MSF prodiguent des soins à une population importante qui, sans elle, n’y aurait pas accès, dit Aissami Abdou. Des patients déclaraient ne pas avoir vu de médecin depuis sept ans quand MSF est arrivée, dit-il.

Or la crise sécuritaire provoque des besoins sanitaires élevés, dit-il. “Tout le monde (les autres ONG internationales) est parti à cause de la dégradation sécuritaire et de l’intensification des opérations militaires. On a une grosse population de déplacés qui est arrivée à Nampala ces dernières semaines”, dit-il.

MSF a annoncé il y a une dizaine de jours suspendre ses activités à Djibo, ville du nord du Burkina Faso, pays voisin du Mali gagné par la propagation jihadiste, après des incidents touchant les centres de santé et ses locaux.

Au Mali, MSF dit être en discussion avec les autorités et les parties au conflit “pour que de telles violences n’aient plus lieu” et lui permettre “de reprendre dès que possible l’offre de soins essentiels à la population, en toute sécurité”.