Le blocage de la ville de Tombouctou par les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans fait exploser les prix des denrées alimentaires.
C’est un blocus qui fait souffrir les habitants de Tombouctou, dans le nord du Mali. De sources sécuritaires et locales au sein de la société civile de la ville contactées par la DW, les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, le JNIM, seraient alliés localement avec les touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et encerclent la ville de Tombouctou. De son côté, la CMA dément* cette information et assure qu’elle n’est ni de près ni de loin associée au JNIM.
“Le blocus imposé à la région de Tombouctou est l’œuvre du JNIM et cette organisation l’a déclaré par sa voix la plus autorisée, celle de son émir dans la zone Talha Abu Hind. Il faut noter, et peut-être que c’est ce qui a semé la confusion, que les troupes de la CMA sont mobilisées dans la zone et dans toute la région depuis l’attaque perpétrée par le groupe terroriste Wagner accompagné des forces de défense et de sécurité du Mali sur notre position de Ber”, a affirmé Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA dans une déclaration adressée à DW.
En attendant, cela fait précisément deux semaines que les populations de Tombouctou vivent un embargo économique.
L’avancée des groupes armés fait suite à la prise de la ville de Ber par les forces armées maliennes. Conséquences du blocus de la ville de Tombouctou : les prix des produits de première nécessité ont augmenté sur les marchés.
Un ultimatum d’une semaine avait été donné aux commerçants arabes qui ravitaillent les habitants depuis l’Algérie et la Mauritanie pour qu’ils cessent d’approvisionner la ville. Passé ce délai, ils ont donc mis leur menace à exécution.
“Ça n’arrange personne, de même que les commerçants. Aucune ethnie ne bénéficie de ça. Parce que tout le monde sent en réalité la crise qui est là. Toutes les denrées qui quittent l’Algérie pour Tombouctou ou qui quittent la Mauritanie pour Tombouctou manquent. Ce qui fait que nous payons cher certains produits. Mais nous n’aimerions pas que le cycle de violences continue”, a déploré Mahamane Dédéou Arby, président régional du Regroupement pour la défense des consommateurs du Mali.
Des mesures drastiques
Les préjudices causés par l’encerclement de la ville sont énormes. “Les groupes armés occupent le tronçon de Goundam et puis le tronçon Bambara Maoudé-Douentza-Mopti. Cela veut dire que Tombouctou est aujourd’hui en vase clos. Aucun produit ne rentre dans la ville. Tous les corridors, toutes les voies sont effectivement obstruées par cette mesure”, a expliqué Babacar Mahamane, de la société civile de Tombouctou.
Babacar Mahamane précise que “la mesure la plus drastique, est celle qui concerne les produits qui proviennent de l’Algérie et de la Mauritanie et qui sont essentiellement composés de carburant qui, aujourd’hui, a grimpé de 25% à 30% par rapport à son prix initial. Le lait également, les pâtes alimentaires, le sucre, le thé, etc.”
Pas de réaction pour le moment du côté des autorités militaires de transition autour de ce blocus.