Les conditions d’emprunt des pays africains devraient évoluer. Pékin sera désormais plus attentif à la capacité de remboursement de chaque demandeur, et devrait ainsi suspendre sa participation dans certains types d’investissements.
Les congrès du Parti communiste chinois (PCC) ont beau se suivre, et se ressembler, le dernier en date – qui s’est déroulé du 16 au 22 octobre dernier – pourrait emporter son lot de changements. En effet, une certaine inflexion de la stratégie économique de Pékin sur le continent est à prévoir. Désormais, les prêts aux États africains ne seront accordés qu’après une évaluation approfondie des demandes. Les décaissements pourraient ainsi se faire par le biais de programmes spécifiques, et dépendre de la capacité de chaque pays à rembourser ses dettes.
La Chine s’écarte ainsi du modèle de financement des infrastructures africaines qui a fait sa réputation au cours de la dernière décennie, réaffirmant sa volonté de modifier sa politique de prêt en Afrique et de réduire ses projets d’investissement. L’examen des remboursements de la dette en cours déterminera également l’octroi de nouveaux prêts aux États africains, qui se sont de plus en plus endettés ces dernières années.
À l’issue du dernier Congrès national du PCC, qui a reconduit le président Xi Jinping dans ses fonctions, l’ambassadeur de Chine au Kenya, Zhou Pingjiang, donnait une conférence de presse où il dessinait ce qui pourrait ressembler à une nouvelle doctrine économique : « Nous sommes prêts à écouter, à discuter et à améliorer la coopération en tant que partenaires égaux […] Les Chinois peuvent s’intégrer dans certains programmes et, à l’avenir, la priorité de notre coopération sera décidée par les deux parties concernées », a-t-il déclaré.
La nouvelle direction économique de la Chine prendra ses fonctions l’année prochaine. Reste à voir si la deuxième économie mondiale abordera le marché étranger différemment, ou si elle rajeunira ses investissements dans le cadre de l’initiative la Belt and Road Initiative (BRI). Toutefois, les experts estiment que la déclaration de l’ambassadeur au Kenya n’évoque pas le fardeau de la dette, et ne s’écarte pas beaucoup de la politique actuelle de prêt. Le plafonnement des prêts, et le gel de la confidentialité des clauses, constitueraient un changement de politique significatif, mais il est peu probable que cela se produise, estime Churchill Ogutu, économiste et analyste au sein de la société d’investissement IC group. « Je ne pense pas que [les clauses de confidentialité] vont changer. Il n’y aura pas de point de déclenchement, car rien n’a changé au cours des dix dernières années », pense-t-il. « Mais la plupart des pays devraient être vigilants pour ne pas exposer leurs actifs, tout en engageant des prêteurs chinois. »