Le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a renoué avec ses vieilles et mauvaises pratiques en mettant la pression sur le gouvernement malien avec des menaces à peine voilées. Et quand on sait qu’au même moment Mohamed Bazoum du Niger a décidé de fumer le calumet de la paix avec Boko Haram, on peut craindre une jonction dangereuse pour notre pays. Pour quelle raison aujourd’hui Bazoum fait-il la paix avec ceux qui ont endeuillé de nombreuses familles de son pays ? En tout cas ces deux situations (la menace de la CMA et la décision de Bazoum de faire la paix avec Boko Haram), ne sont pas anodines pour qui connaît la connivence entre la France et leurs auteurs.
Faut-il dialoguer avec les groupes terroristes ? Non, a catégoriquement répondu la France chaque fois que les Maliens ont jugé ce dialogue indispensable à la stabilité de leur pays. Et cela parce que l’Elysée a toujours mis en avant le fait qu’une telle prise de langue serait trahir la mémoire de leurs soldats morts en mission au Sahel, particulièrement au Mali. Mais, curieusement, cette même France demeure muette face à la décision de Mohamed Bazoum de négocier avec Boko Haram et qui avoue avoir libéré neuf chefs terroristes emprisonnés dans son pays dans le but d’obtenir la paix. Une révélation très inquiétante pour de nombreux observateurs qui la trouvent en porte à faux avec la détérioration sécuritaire au sahel depuis maintenant plusieurs années.
Cette libération de chefs terroristes opérant au sein de Boko Haram, mais aussi à la frontière entre le Mali et le Niger, est considérée par certains observateurs comme «une menace pour la sécurité déjà fragilisée du Sahel». Son timing doit surtout préoccuper les autorités maliennes. En effet, elle intervient au moment où la France est sommée par le Mali de retirer «sans délai» du pays ses troupes que le Niger est tout heureux d’accueillir.
«Je ne ménage aucun moyen. J’ai libéré sept à huit personnes détenues dans les prisons de Kollo (Sud), de Koutoukalé (prison de haute sécurité) et j’ai plein d’émissaires dans toutes les zones… J’ai essayé des réconciliations dans les villages, je me débrouille comme je peux», s’est défendu le chef de l’État nigérien. Son aveu donne raison à ceux qui soupçonnaient ces derniers temps les équipes de la présidence de travailler depuis plusieurs mois à engager des discussions avec plusieurs chefs jihadistes opérant dans la région frontalière de Tillabéri.
Quel gage ces chefs terroristes ont-ils réellement donné pour leur liberté à Mohamed Bazoum ? Que risque le Mali qui souffre déjà du deal entre la Mauritanie et des groupes terroristes au nord-ouest du pays ? Notre pays risque gros d’autant plus que le président Bazoum ne nous porte pas dans son cœur. Et il ne s’embarrasse pas de précautions diplomatiques pour nous le faire savoir. Tout comme d’ailleurs son ministre des Affaires étrangères.
Pour Macron et Bazoum, toutes les opportunités sont bonnes pour faire regretter au Mali le départ de Barkhane et Takuba
Nous avons toutes les raisons de croire que, avec Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, il est un pion important de la France qui ne ratera aucune opportunité de déstabiliser notre pays. Ce sera faire preuve d’une grande naïveté que de penser le contraire. Pour rester dans les grâces de Paris, Bazoum est prêt à tout. Y compris à fermer les yeux sur les mouvements des terroristes comme ceux de Boko Haram à condition que son pays soi épargné par leurs attaques. Ce deal peut aussi expliquer le silence de la France face aux décisions prises par le chef de l’Etat nigérien.
Et il n’est pas exclu qu’il soit étendu au Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) qui a repris ses vieilles habitudes de faire chanter le gouvernement chaque fois qu’il est en mauvaise posture dans le processus de paix. Il menace de reprendre les armes si le gouvernement ne lui donne pas des gages concrets sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Et personne ne serait surprise que la France soit encore derrière cette exigence même consciente que le HCUA n’est pas un mouvement rebelle, mais terroriste. Et une connexion entre le HCUA et des désoeuvrés de Boko Haram ou d’autres organisations terroristes (après leur libération par le Niger) est aussi à craindre. D’où la nécessité de ne jamais baisser la garde à nos frontières avec le Niger dont le président démontre chaque jour qu’il est disposé à aider la France pour déstabiliser notre pays en sapant par exemple les efforts consentis pour la montée en puissance de nos Forces armées et de sécurité !