Infrastructures, agroalimentaires, énergies… Les mastodontes étatiques russes tentent de se faire une place nouvelle sur les marchés africains, au-delà des matières premières et de l’armement. Mais au forum économique de Sotchi, les accords ont pour l’instant été signés avec prudence.
Pendant que les discussions politiques du sommet Russie-Afrique se déroulaient derrières des portes fermées aux observateurs et aux médias internationaux, le Forum économique se déroulait de manière plus ouverte, dans une autre aile du complexe qui accueillait l’événement les 23 et 24 octobre à Sotchi.
L’ambition de la Russie est de renforcer ses liens avec le continent et de diversifier les échanges grâce à des secteurs moins « traditionnels » que les matières premières et l’armement. Infrastructures industrielles, transports et logistique, énergies, agroalimentaire, industrie médicale… Le spectre des secteurs stratégiques visés par le Fédération de Russie est large.
Ni la Chine, ni l’Occident
Dans les discours, l’argumentaire russe, critiquant des manœuvres néo-colonialistes occidentales et chinoises, semble trouver un échos très favorable, mais les participants africains restent prudents sur la capacité de la Russie à concrétiser cette diversification.
En effet les exemples manquent encore, et les partenaires potentiels présents au forum sont principalement des géant étatiques Russes, et non des PME avec lesquels les acteurs africains pourraient échanger d’égales à égales.
Quelques accords et contrats de coopérations ont tout de même trouvés signatures depuis mercredi, préparant le terrains à des investissements et importations intensifiés en partance de la Russie, vers le contient africain, mais peut de chiffre et de détails sont pour l’instant avancés.
La fondation Roscongress, organe de promotion économique de la Russie, a signé des accords de coopération avec nombre d’agences et chambres de commerce africaines (Égypte, République du Congo, Niger, Burkina Faso, Mali, entre autre) afin d’améliorer la communication entre experts et mondes des affaires des deux régions.
Un projet de construction d’un complexe pétrochimique au Maroc a été mis sur les rails entre la Banque de développement Russe VEB et la société marocaine MYA Energy, quasi-inconnue jusqu’à présent. Cette dernière annonce qu’un accord pour la construction de ce projet à 2 milliards d’euros a été signé. Côté russe, l’annonce est plus modeste, puisque selon VEB l’accord signé permettra d’examiner les possibilités pour financer la construction de cette raffinerie de pétrole, dont la capacité de production pourrait atteindre 5 millions de tonnes par an.
La Banque de développement VEB a signé un autre protocole d’accord avec la Société nationale des pétroles du Congo et Afreximbank, pour la construction d’un pipeline pétrolier. Celui-ci devrait relier le port en eaux profondes de Pointe Noire au terminal de Maloukou (à proximité de Brazzaville), en passant par celui de Loutété.
La société publique russe Rosgeologia, spécialisée dans les études géologiques et sismiques, a signé un accord avec le Rwanda et des protocoles d’entente avec le Soudan du Sud et la Guinée équatoriale pour faire de la prospection de matières premières. Au Rwanda, la Russie créera notamment un laboratoire d’exploration pour chercher des hydrocarbures dans le lac Kivu.
Armement et énergies tout de même
Pour le secteur de l’alimentaire, aucune signature n’a été annoncée, mais Dmitry Patrushev, le ministre russe de l’Agriculture affirmait mercredi 23 octobre, en marge du sommet, que « l’Afrique est un marché cible [pour la Russie] et nous travaillerons pour y renforcer nos exportations », ajoutant que la Russie pourrait plus que doubler ses exportations de céréales et de bétail vers le continent.
Enfin le secteur de l’armement était bien représenté dans les allées du forum. « L’Afrique représente 40% du volume du portefeuille de commandes actuelles, à la fois en termes de valeur et de livraisons », a déclaré Alexandre Mikheev, patron de Rosoboronexport, la société publique russe chargée des ventes d’armements. Pourtant celle-ci annonçait qu’aucun contrat d’envergure n’est officiellement prévu lors du forum.
À l’issue de la première journée, l’Éthiopie a tout de même acheté un système de défense antimissile Pantsir-S1, un produit qui intéresse également le Cameroun.